V. 11
« Celui qui a une méchante langue et qui médit en secret est semblable à un serpent qui pique sans faire de bruit. » Le sens simple et naturel de ce verset nous apprend qu'un homme qui détracte de son prochain fait autant de mal qu'un serpent qui pique de sa langue; car de même qu'un serpent fait glisser son venin dans celui qu'il mord sans faire de bruit, de mime aussi un médisant, qui parle mal et qui détracte de son frère en secret, répand contre lui le venin de son coeur, et fait en cela tout ce que fait un serpent. Dieu cependant, en formant l'homme, ne lui a donné une langue que pour bénir son Créateur et pour la faire servir à l'édification de ses frères; mais cet ingrat fait de sa langue une langue de serpent par le mauvais usage qu'il en fait contre les autres.
Dans un sens allégorique, le serpent qui pique en secret n'est autre que le démon, l'esprit de ténèbres. Si ce serpent donc vient à mordre et piquer quelqu'un en secret, et lui faire glisser dans le coeur le venin du péché, celui qui est infecté et blessé de ces piqûres diaboliques doit bien prendre garde de ne pas cacher son mal; car s'il le dissimule et s'il n'en fait point pénitence, c'est-à-dire s'il cache ses plaies à ses frères et à ses maîtres et s'il ne s'en confesse pas, ses frères et ses maîtres, quoiqu'ils aient une langue pour le guérir, ne pourront point lui appliquer le remède ; et alors se vérifiera cette maxime reçue de tout le monde : « Si le malade a honte de découvrir son mal à son médecin, l'art de la médecine ne saurait guérir ce qu'elle ignore. »
