V. 10
« Si le fer s'émousse, et si, après avoir été émoussé, il se recourbe encore, on aura bien de la peine à l'aiguiser : ainsi la sagesse ne s'acquiert que par un long travail. » Si quelqu'un, dit l'Ecclésiaste sous des métaphores, reconnaît qu'il a perdu par sa négligence la science des Écritures et que la pénétration de son esprit se trouve émoussée, il ne faut pas qu'il se trouble de n'être pas tel qu'il était auparavant; car il arrive quelquefois à des gens qui n'ont qu'une légère teinture de science de s'élever en eux-mêmes par orgueil , et de se négliger dans l'étude et. dans la lecture ; ce qui fait qu'ils perdent ce qu'ils avaient acquis, ne cultivant pas leurs premières connaissances et n'y ajoutant point de nouvelles lumières. Ainsi l'esprit, qui est marqué par le fer, devient tout émoussé, parce que l'oisiveté et la paresse sont la rouille de l'esprit et de la sagesse. Otium enim et desidia quasi quaedam rubigo sapientiae est. Si quelqu'un donc tombe dans cet état, qu'il ne désespère pas de pouvoir être rétabli, qu'il se mette de nouveau sous la discipline de quelque bon maître et qu'il n'ait pas honte de reprendre la qualité de disciple, parce qu'après un travail infatigable et les soins de son industrie, il pourra rattraper la sagesse et la science qui lui étaient échappées. Ce retour heureux est marqué plus distinctement dans les sources hébraïques, où il est dit: « Et il sera renforcé par plusieurs efforts, » c'est-à-dire : en suant, en travaillant, en s'occupant tous les jours de la méditation et de la lecture des Ecritures; car c'est par de semblables efforts qu'on acquiert la sagesse et qu'on parvient à une science sublime.
