26.
Donner une armure au combattant qui peut vaincre sans ce secours, ce n'est pas lui rendre service, c'est au contraire lui faire injure, c'est lui ravir l'admiration des spectateurs, et dépouiller sa couronne de son plus bel éclat. Elle ne permet en effet ni à ses forces de se déployer tout entières, ni à sa victoire de briller de toute sa splendeur. Mais le mariage est encore bien plus funeste au mérite de la vertu, puisqu'il la prive des applaudissements de la foule, et, ce qui est plus grave, des récompenses réservées à la virginité. Aussi l'Apôtre conseille-t-il le célibat. Il permet néanmoins le mariage pour empêcher le dérèglement des moeurs. Je n'ose, semble-t-il nous dire, vous élever jusqu'à l'état sublime de la virginité, de peur que vous ne tombiez dans l'abîme de la fornication, car les ailes de votre âme sont encore trop faibles pour atteindre ces hauteurs célestes. Eh quoi ! ô bienheureux apôtre, ne voyez-vous pas cet essaim nombreux de vierges qui s'élancent au combat et à la couronne? pourquoi donc ces craintes et cette inquiétude? ah ! je crains, me répond-il, que le principe de cette ardeur ne soit l'ignorance: des périls et des difficultés. C'est l'expérience qui me rend si timide, et même si réservé à donner un conseil.
