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Mais la vertu de l'homme, nous répondent ici nos sages, devient d'autant plus méritoire, qu'elle se maintient pure et victorieuse parmi les difficultés du mariage. — Et pourquoi, mon cher ami ? — parce que ces difficultés augmentent son éclat et sa gloire. Mais qui vous contraint à vous y engager ? vous auriez raison si Dieu avait fait du mariage un précepte et une loi , car le célibat serait alors défendu. Aujourd'hui, au contraire, vous pouvez vous soustraire au joug du mariage, et vous ne vous précipitez volontairement dans ses périls et ses embarras, qu'afin d'accroître pour vous les pénibles efforts de la vertu. Mais qu'importe au juge du combat? tout ce qu'il exige, c'est que nous triomphions du démon et de nos passions. Vous n'êtes donc point reçu à lui alléguer les embarras du mariage, ou ses plaisirs, ses sollicitudes, ou ses douleurs, car il nous a dit que le chemin qui nous conduit le plus sûrement à la victoire, est celui qu'obstruent le moins les soucis et les inquiétudes de la vie.
Cependant vous vous présentez au combat avec l'embarrassant attirail d'une femme et de nombreux enfants; et vous prétendez déployer la même valeur que le célibataire, et cueillir une palme plus belle. Que dis-je? vous nous accusez d'orgueil, si nous disons que vous n'atteindrez jamais en gloire ét en vertu la même sublimité que vos rivaux. Mais au jour des récompenses vous comprendrez qu'une modeste sécurité est préférable à une vaine ambition, et qu'il vaut mieux s'attacher à la parole de Jésus-Christ que de suivre les égarements de son propre esprit. Le Sauveur a dit qu'après avoir renoncé à toutes les jouissances du monde et de la famille, il fallait encore nous renoncer nous-mêmes; et vous espérez vaincre malgré tous les embarras du mariage ! Mais, je le répète, vous connaîtrez au jour du jugement combien il apporte d'obstacles à la vertu.
