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Ainsi saint Paul, ne parle ici, ni en qualité de prédicateur de l'Evangile, ou d'Apôtre des Gentils, ni en qualité de docteur, de chef, ou de maître, mais en qualité de pécheur à qui Dieu a fait grâce et miséricorde. Admirable modestie, qui lui fait choisir le rang de simple disciple, quand il pourrait prendre celui de législateur. Cela ne lui suffit pas, il trouve le moyen de s'humilier encore davantage, car il ne dit pas : Je suis le fidèle ministre du Seigneur, mais: J'ai reçu là grâce d'être un fidèle ministre. Ne considérez donc pas en moi, semble-t-il dire; l'apostolat et la mission évangélique, comme les seules faveurs que j'aie reçues de la munificence divine; la foi elle-même ne m'a été donnée que par grâce et par miséricorde; je ne la dois point à mes mérites personnels, car, qui dit grâce et miséricorde, exclut toute idée de mérites antérieurs, et si le Seigneur n'était un Dieu véritablement miséricordieux, loin d'être apôtre, je serais encore infidèle.
Comprenez-vous maintenant combien est vive la reconnaissance de l'Apôtre, et combien son humilité est profonde. Bien loin de s'élever au-dessus des simples fidèles, il ne se fait pas même un mérite personnel de partager leur foi et leur croyance, et il en renvoie toute la gloire à la miséricorde divine., Il semble donc dire aux Corinthiens : Ne dédaignez pas de recevoir mes conseils, puisque le Seigneur n'a point dédaigné de me faire miséricorde. D'ailleurs, ce n'est qu'un conseil, et non un précepte, je parle en ami, et non en législateur. Or, n'est-il pas permis à un ami, de répondre à la question de son ami, et de lui être utile: C'est ce que je fais ici, en vous disant : Je crois qu'il est bon de demeurer vierge.
Que ce langage est humble et modeste ! ne pouvait-il pas dire aux Corinthiens: Je ne vous fais point un précepte de la virginité, puisque Jésus-Christ ne l'ordonne pas, mais je vous la conseille, et je vous y exhorte avec toute l'autorité de mon apostolat, car, si je ne suis pas apôtre pour d'autres, je le suis pour vous. (I Cor. IX, 2.) Ce n'est pas ainsi que parle l'Apôtre
ses paroles sont toutes pleines de modération et de retenue. Il ne donne qu'un simple conseil, et il hésiterait même à le donner, s'il n'avait reçu du Seigneur la grâce d'être un fidèle ministre. Voyez encore comme il expose les raisons de son avis, afin d'ôter à ses paroles jusqu'aux plus légères nuances d'un ton magistral. Je crois, dit-il, qu'il est bon de demeurer vierge, à cause des périls imminents de la vie présente. (I Cor. VII, 26.) Mais quand il a parlé de la chasteté, il s'exprimait bien différemment, et n'alléguait aucun motif de sa décision. Je dis aux personnes qui ne sont point mariées, ou qui sont veuves, qu'il leur est bon de demeurer dans cet état, comme moi. Ici au contraire, il dit : je crois; non qu'il doute des avantages et de l'excellence de la virginité, mais parce qu'il veut en laisser le choix à la libre élection des Corinthiens. Il donne un conseil, et le rôle d'un conseiller est de proposer son avis, et non de l'imposer.
