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Ainsi donc, mes frères, vous devez par votre libre arbitre ne pas faire le mal et faire le bien : tel est le précepte qui nous est imposé par la loi de Dieu dans les Livres sacrés, soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament. Mais lisons et comprenons, avec la grâce de Dieu, ces paroles de l'Apôtre : « Nul homme ne sera justifié devant Dieu par les oeuvres de la loi ; car la loi ne donne que la cou« naissance du péché1 ». « La connaissance », dit-il, et non pas la consommation. Or, lorsque l'homme connaît le péché, si la grâce n'est point là pour lui faire éviter le péché qu'il connaît, la loi, sans aucun doute, produit alors la colère. C'est la pensée que formule dans un autre endroit le même Apôtre : « La loi opère la colère ». Il nous fait entendre par là que la colère de Dieu prend des proportions plus grandes contre tout prévaricateur qui connaît le péché par la loi, et cependant commet ce péché. Cet homme devient alors un prévaricateur de la loi, selon cette autre parole : « Là où il n'y a pas de loi, il ne saurait y avoir de prévarication2 ». Voilà pourquoi nous lisons ailleurs : « Afin que nous servions Dieu dans la nouveauté de l'esprit, et non point dans la vétusté de la lettre ». C'est la loi qu'il désigne par cette vétusté de la lettre, tandis que la nouveauté de l'esprit ne peut désigner que la grâce. Mais, craignant de paraître accuser ou blâmer la loi, saint Paul se fait à lui-même la question : « Que dirons-nous donc? La loi serait-elle un péché? Assurément non ». Il ajoute : « Toutefois je n'ai connu le péché que par la loi » ; c'est déjà ce qu'il avait dit : « Le péché nous est connu par la loi. Car je n'aurais point connu la concupiscence si la loi n'avait dit : Vous n'aurez point de mauvais désirs. Mais le péché ayant pris occasion de s'irriter par les préceptes, a produit en moi toutes sortes de convoitises, car sans la loi le péché était mort. Et moi je vivais autrefois sans loi ; mais le commandement survint, et le péché est ressuscité. Et moi je suis mort, et il s'est trouvé que le commandement qui devait servir à me donner la vie, a servi à me donner la mort. Car, à l'occasion du commandement, le péché s'étant irrité davantage, m'a trompé, et m'a tué par le commandement même. Ainsi la loi est véritablement sainte, et le commandement est saint, juste et bon. Ce qui était bon en soi m'a-t-il donc causé la mort? Nullement ; mais c'est le péché qui, m'ayant donné la mort par une chose qui était bonne, a fait paraître ce qu'il était, de sorte que, par ces mêmes préceptes, le péché est devenu une source plus abondante du péché. Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais pour moi je suis charnel, vendu pour être assujéti au péché. Car je n'approuve pas ce que je fais, parce que je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je hais3 ». Le même Apôtre écrivait aux Galates : « Sachant que l'homme ne s'est point justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ, nous avons nous-mêmes a cru en Jésus-Christ, afin d'être purifiés par la foi que nous aurions en lui, et non par les œuvres de la loi, parce que nul homme ne sera justifié par les œuvres de la loi4 ».
