25.
Ne faut-il pas se montrer sourd au langage de l'Apôtre, n'est-ce point se montrer insensé et ne pas savoir ce qu'on dit, que de soutenir que la loi c'est la grâce, lorsque celui qui savait bien ce qu'il disait nous crie de toutes ses voix : « Vous qui cherchez votre justification dans la loi, vous êtes déchus de la grâce? » Et si la loi n'est point la grâce, puisque la loi ne donne aucun secours pour aider à son accomplissement, dira-t-on que la nature c'est la grâce ? Pourtant les Pélagiens portent l'audace jusqu'à soutenir que la nature c'est la grâce; la nature telle que nous l’avons reçue à la création, et qui fait de nous des êtres raisonnables, doués d’intelligence, créés à l'image de Dieu, avec mission d'exercer un empire véritable sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. Or, cette nature ainsi entendue n'est point la grâce célébrée par l'Apôtre et nous venant par la foi en Jésus-Christ. En effet, cette nature ne nous est-elle pas commune avec les impies et les infidèles, tandis que la grâce par la foi de Jésus-Christ est le privilège exclusif de ceux qui ont la foi? « La foi n'est point donnée à tous1 ». Enfin, quant à ceux qui, voulant trouver leur justification dans la loi, ont été déchus de la grâce, l'Apôtre a pu leur dire en toute vérité : « Si la justice vient de la loi, c'est donc en vain que Jésus-Christ est mort2 ». De même à ceux qui voient dans la nature cette grâce qui nous vient par la foi en Jésus-Christ, l'Apôtre a pu dire en toute vérité : Si la justice nous vient de la nature, donc c'est en vain que Jésus-Christ est mort. En dehors de Jésus-Christ il y avait la loi, et elle ne justifiait pas ; il y avait aussi la nature, et elle ne justifiait pas; par conséquent, ce n'est pas en vain que Jésus-Christ est mort, car c'est par lui que la loi est accomplie, selon cette parole : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir3 »; c'est par lui aussi que notre nature perdue en Adam a été réparée, puisqu'il était venu « chercher et sauver ce qui était perdu4 ». Voilà pourquoi Jésus-Christ était l'objet de la foula plus vive, de la part de tous les patriarches qui aimaient Dieu d'un amour véritable.
