26.
La grâce de Dieu telle qu'elle nous est donnée par la foi en Jésus-Christ n'est donc ni la loi ni la nature. Les Pélagiens soutiennent en outre que cette grâce a pour effet d'effacer les péchés passés, mais non pas de nous faire éviter les péchés dans l'avenir, on de nous faire triompher des obstacles que nous rencontrons. Si nos adversaires étaient dans le vrai, après avoir dit, dans l'Oraison dominicale : « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », nous n'ajouterions pas : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation1 ». Si nous demandons que nos péchés nous soient pardonnés,nous demandons également que ces péchés soient évités ou vaincus. Or, aucune raison ne motiverait de notre part cette prière adressée à notre Père qui est au ciel, si nous pouvions obtenir ce résultat par la seule force de notre volonté humaine. Je supplie donc et je conjure votre charité de lire attentivement le livre écrit par le bienheureux Cyprien sur l'oraison dominicale; de le comprendre et de le graver dans votre souvenir autant que Dieu vous en fera la grâce. Vous verrez comment il traite le libre arbitre de ceux à qui il s'adresse, et comment il leur prouve qu'ils doivent demander dans la prière l'accomplissement des préceptes qui leur sont imposes par la loi. Or, cette prière serait parfaitement inutile, si la volonté humaine, sans aucun secours surnaturel, pouvait accomplir ces préceptes de la loi.
Matt. VI, 12, 13. ↩
