XIX.
Quiconque veut tâcher de se rendre digne du nom qu'il porte, et conserver l'excellence de sa nature, doit s'élever au-dessus de la terre, regarder fixement le ciel, et bien loin de chercher sous les pieds un Dieu pour l'adorer, le chercher en haut, tout ce qui est au-dessous de l'homme étant sans doute moindre que l'homme. Or comme Dieu est plus grand que l'homme, il est aussi au-dessus de lui dans la plus haute et non pas dans la plus basse région du monde. C'est pourquoi il est certain qu'il n'y a point de religion là où il y a des images et des idoles. La religion consiste dans les choses de Dieu : les choses de Dieu sont célestes. Les images ni les idoles n'ont rien de céleste, parce qu'elles ne sont que de terre, et par conséquent il n'y a point de religion dans les images. Tout homme qui aura un peu de pénétration reconnaîtra par le nom même d'image la vérité de ce que je dis ; car une image est quelque chose d'opposé à la vérité. Ce qui la représente et ce qui l'imite n'est pas elle. L'imitation et la représentation ne sont pas une chose sérieuse : ce n'est qu'un divertissement et un jeu. Ainsi il n'y a point de religion dans les images, mais seulement une imitation, ou, s'il est permis de parler ainsi, une comédie de religion. Il faut donc préférer la vérité à toutes sortes de faussetés. Il faut fouler la terre aux pieds pour s'élever au ciel, car quiconque abaissera vers la terre son âme, qui est descendue du ciel, tombera lui-même au lieu où il l'aura abaissée. C'est pourquoi il faut toujours se souvenir de sa dignité et toujours tendre vers le lieu de son origine. Quiconque s'acquittera fidèlement de ce devoir aura la justice et la sagesse, et méritera le titre d'homme. Quand Dieu le verra non couché sur la terre comme les animaux, mais droit et élevé vers le ciel, tel qu'il l'a fait, il le reconnaîtra pour son enfant.
