XX.
J'ai achevé, je crois, une grande et difficile partie de l'œuvre que j'ai entreprise; et Dieu ayant daigné me suggérer mes paroles, j'ai réfuté assez fortement les erreurs invétérées. Mais maintenant ce qui me reste à faire sera sans doute encore fort difficile ; car j'ai à combattre la philosophie dont on m'oppose la doctrine et l'éloquence. Au lieu que l'on n'avait employé jusqu'ici que le suffrage de la multitude et le consentement des nations pour opprimer la vérité, on emploie maintenant l'autorité des plus excellents hommes en toute sorte de sciences. Or il est certain que le jugement d'un petit nombre de savants doit être préféré à celui d'un grand nombre de personnes qui n'ont que l'ignorance en partage. Je ne désespère pas pourtant de convaincre, avec l'aide de Dieu, les philosophes, et je ne puis m'imaginer qu'ils aient une opiniâtreté assez déraisonnable pour nier qu'ils voient la lumière lorsque je la leur aurai mise devant les yeux. S'ils cherchent sincèrement la vérité, comme ils en font profession, je leur ferai voir clairement qu'elle est trouvée et qu'elle ne pourrait l'être par la seule pénétration de leur esprit, ni par la seule force de la nature.
