39.
Saint Paul écrit à Timothée : « Dieu ne nous a pas donné l'esprit de crainte, mais l'esprit de vertu, de charité et de continence1 ». Ces paroles ne signifient pas assurément que nous n'avons pas reçu l'esprit de crainte de Dieu, crainte qui est assurément un don précieux de Dieu, selon cette parole d'Isaïe : « Viendra se reposer sur lui l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété et l'esprit de crainte de Dieu2 ». Cette crainte n'est pas celle qui porta saint Pierre à renier son Maître ; l'esprit de crainte, tel que nous l'avons reçu, nous est désigné dans ces paroles du Sauveur . « Craignez celui qui a le pouvoir de perdre votre âme et votre corps dans les flammes éternelles ; je vous le dis en vérité, c'est celui-là que vous devez craindre ». Ces paroles de Jésus-Christ avaient pour but de nous empêcher de renier Jésus-Christ sous le coup de cette même crainte qui jeta saint Pierre dans un trouble si profond. Cette crainte humaine, le Sauveur veut précisément nous en dépouiller quand il nous dit : « Gardez-vous de craindre ceux qui tuent le corps, mais en dehors de cela n'ont plus aucun pouvoir3 ». Telle est la crainte dont nous n'avons pas reçu l'esprit, quand au contraire nous avons reçu l'esprit de vertu, de charité et de continence. Parlant de cet esprit, l'Apôtre écrivait aux Romains : « Nous nous glorifions dans nos tribulations, sachant que la tribulation produit la patience, la patience produit l'épreuve, l'épreuve produit l'espérance, et l'espérance n'est point confondue, car la charité a été répandue dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné4 ». Si donc la tribulation, au lieu de détruire, produit au contraire la patience, ce n'est point là notre oeuvre propre, mais l'oeuvre du Saint-Esprit qui nous a été donné et qui agit en nous par cette charité, don manifeste du Seigneur. Il écrit aux Ephésiens : « Que la paix soit à nos frères et la charité avec la foi ». Ce sont là des biens précieux, mais par qui nous sont-ils donnés? « Par Dieu le Père », dit-il, « et par Notre-Seigneur Jésus-Christ5 ». Donc ces biens si précieux ne sont autre chose que des dons de Dieu.
