V. 3
« J'ai pensé en moi-même de remplir de vin mon corps, mais mon esprit m'a porté à la sagesse et à m'élever au-dessus de l’imprudence jusqu'à ce que j'aie connu ce qui est utile aux enfants des hommes, et ce qu'ils doivent faire sous le soleil pendant les jours de leur vie. » J'ai voulu m'abandonner à toutes sortes de délices et m'enivrer de volupté et de plaisirs, comme le corps s'enivre de vin, pour me délivrer par là de tous les chagrins de la vie; mais mon esprit et la raison naturelle que Dieu a donnée aux pécheurs mîmes et aux scélérats m'ont détourné de ce premier dessein, et m'ont porté à la recherche de la sagesse et au mépris de l'imprudence, afin que je puisse connaître en quoi consiste le véritable bien que les hommes doivent se procurer pendant le cours de leur vie. Remarquez que la comparaison que fait l'Ecclésiaste de l'excès du vin avec la volupté est une comparaison fort juste et fort belle; car l'un et l'autre renversent l'esprit et lui ôtent toute sa force et sa vigueur. Celui donc qui surmontera la volupté par la sagesse sera en état de connaître ce que l'homme doit éviter et ce qu'il doit rechercher pendant qu'il vit sur la terre.
