V. 7
« J'ai eu des serviteurs et des servantes; j'ai eu des esclaves nés en ma maison; un grand nombre de boeufs et de troupeaux de brebis, plus même que n'en ont jamais eu tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem. » Si nous voulons rapporter ces paroles à Jésus-Christ et les prendre clans un sens spirituel, nous trouverons aisément dans l'Église des serviteurs et des servantes, des hommes et des bêtes, selon l'ordre marqué dans l'Ecclésiaste. Ceux qui servent Dieu par un esprit de crainte sont des esclaves et des serviteurs, et ceux-là désirent plutôt les choses spirituelles qu'ils ne les possèdent. Les servantes sont les aines entièrement attachées à la terre. Pour les esclaves qui sont nés dans la maison de leur maître, quoiqu'ils soient plus avancés que les serviteurs et les servantes, ce sont néanmoins des âmes encore engagées dans un état de servitude, et que le Seigneur n'a pas jusqu'à présent honorées du titre de noblesse, ni mises au nombre de ses affranchis. Il en a de plus, dans la maison de l'Ecclésiaste , qui tiennent la place de boeufs et de brebis, tant à cause de leur simplicité que de leur vie toute active. Ceux-là travaillent véritablement dans l'Église; mais, y vivant sans réflexion et sans aucune connaissance des Ecritures, ils peuvent être comparés à des bêtes privées de la lumière de la raison, n'étant pas capables de contempler les grandeurs de Dieu ni de réformer en elles-mêmes l'image du Créateur. Remarquez avec soin que quand l'Écriture parle de serviteurs et de servantes, elle n'ajoute pas le nom de «multitude; » ce qu'elle fait néanmoins en parlant des troupeaux de brebis et de boeufs, pour nous faire connaître que, dans le corps de l'Église, il y a plus de bêtes que de personnes raisonnables , plus de brebis que de serviteurs et de servantes : Plura quippe in Ecelesia armenta quàm homines, plures oves quam servi, ancillae atque vernaculi.
Quant aux dernières paroles du verset: «Plus que n'en ont jamais eu ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem, » elles ne me semblent pas beaucoup relever la gloire de Salomon ni la grandeur de ses richesses, puisque cette préférence ne le met qu'au-dessus seulement de David son père; car du temps de Saül Jérusalem était encore sous la domination des Jébuséens, qui avaient fixé leur demeure dans cette ville , où les rois d'Israël n'avaient pas alors commencé à régner. Il faut donc prendre les choses dans un sens plus élevé, et examiner ce que peut être cette ville de Jérusalem où l'Ecclésiaste a été plus riche et plus opulent que tous les rois ses prédécesseurs.
