V. 15 et 16.
« J'ai donc dit en moi-même Si je dois mourir aussi bien que l'insensé, que me servira de m'être plus appliqué à la sagesse? Et comme j'entretenais mon esprit de ces pensées, j'ai reconnu enfin qu'il y avait en cela même de la vanité ; car la mémoire du sage ne sera pas confondue éternellement avec celle de l'insensé, bien que les temps à venir ensevelissent tout également dans l'oubli ; et comment le sage pourrait-il périr avec l'insensé ? » J'ai dit encore en moi-même : S'il est vrai que le sage et l'insensé, le juste et l'impie meurent l'un et l’autre, et que tous les maux les accablent également dans ce monde, de quoi me servent tous ces efforts que j'ai faits pour acquérir la sagesse.. et tous ces travaux dont je me suis accablé pendant le cours de mes années? Mais après de nouvelles et de sérieuses réflexions, j'ai vu que je ne pensais pas juste, et qu'il y avait bien des défauts dans mes raisonnements; car un jour viendra où l'on fera le discernement du sort du sage et de celui de l'insensé, lorsqu'à la fin du monde les hommes seront séparés pour toujours les uns des autres, que les justes seront mis dans un lieu de repos et de plaisirs, et que les impies tomberont dans un lieu de tourments et de peines éternelles. Les Septante ont traduit fort nettement en cet endroit fi! sens du texte hébreu, quoiqu"ils n'aient pas suivi l'ordre des paroles : « Et pourquoi suis-je devenu sage? Alors j'ai trop parlé en moi-même, et j'ai agi comme l'insensé, qui se répand trop en de vains discours. Et j'ai vu qu'il y avait en cela même de la vanité; car la mémoire du sage ne sera pas éternellement confondue avec celle de l'insensé, » et le reste. L'Ecclésiaste confesse donc qu'il avait d'abord mal pensé sur l'égalité du sort des sages et des imprudents , et il reconnaît que ce qu'il en avait dit auparavant était pauvre et avancé sans jugement.
