V. 20 etc.
« C'est pourquoi j'ai tourné le dos à toutes ces choses, et j'ai pris la résolution dans mon coeur de ne me tourmenter pas davantage sous le soleil. Car après qu'un homme a bien travaillé pour acquérir la sagesse et la science, et qu'il s'est donné bien de la peine, il laisse tout ce qu'il peut avoir acquis à une personne qui n'aimera que l'oisiveté. Tout cela donc est une vanité et un grand mal; car que retirera l'homme de tout son travail et de l'affliction d'esprit par laquelle il s'est tourmenté sous le soleil? Tous ses jours sont pleins de douleurs et de misères, et il n'a point de repos dans son âme , même pendant la nuit. Et n'est-ce pas là une vanité? » Il a déjà parlé de l'incertitude. où l'on est touchant l'héritier qu'on aura après sa mort. On ignore si ce successeur, qui se mettra en possession des biens d'un autre, sera un homme sage ou s'il ne sera point un insensé. L'Ecclésiaste répète ici la même chose; mais le sens est pourtant un peu différent et plus déterminé dans cet endroit. Il dit donc qu'en supposant même qu'on aura un fils pour héritier, ou un parent, ou un ami, le même inconvénient subsiste toujours, parce que la personne qui a tant travaille pour acquérir des trésors et des sciences laisse tous ses biens à un autre qui en doit jouir après lui. Et de là il arrive que les travaux et les fatigues du mort deviennent les délices de celui qui vit et qui ouit du travail d'un autre.
Que chacun fasse réflexion sur soi-même. et qu'il se souvienne des peines et des soins qu'il s'est donnés en composant ses ouvrages. Combien de fois il a rayé ce qu'il avait écrit pour rendre son style plus doux et plus coulant, et pour mériter que sa composition fût bien reçue! et néanmoins il ne peut douter qu'il ne laisse après lui maîtres de ses ouvrages des personnes qui jouiront d'un travail auquel ils n'ont eu aucune part. plais, comme j'ai déjà dit auparavant, quelle connexion y a-t-il entre des richesses terrestres et entre la sagesse, la science et la vertu, en vue desquelles l'Ecclésiaste nous assure avoir tant travaillé? Et d'ailleurs qui ne sait que le devoir essentiel de l'homme sage, savant et vertueux est de fouler aux pieds les richesses ?
