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Dans le même temps, Gordien épousa la fille de Timisicle, homme célèbre par l’éminence de sa doctrine, et l’ayant fait préfet du prétoire, acquit en quelque sorte par cette alliance ce qui lui manquait de capacité pour bien gouverner l’empire. Sa puissance semblant assez bien établie, les nations d’Orient furent menacées d’une irruption de Perses.
Sapor avait succédé à Artaxerce, qui avait ôté l’empire aux Parthes. Car Antiochus possédant la souveraineté de ces pays-là, après la mort d’Alexandre le Grand et de ses successeurs, Arsace, Parthe, irrité des affronts que Tiridate, son frère, avait reçus, prit les armes contre le satrape d’Antiochus, et excita les peuples à la ruine de la monarchie des Macédoniens.
Gordien ayant donc ramassé toutes ses forces pour marcher contre les Perses, et ayant remporté d’abord quelque avantage, Timisicle, préfet du prétoire, mourut, et priva l’empereur par sa mort de la confiance que les peuples avaient en sa conduite. Philippe ayant été élevé à cette charge, l’affection que les gens de guerre avaient pour l’empereur diminua peu à peu. Ce Philippe était de la nation des Arabes, qui est une méchante nation, et étant parvenu par de mauvais moyens à une haute fortune, au lieu de se contenter de l’éminente dignité qu’il possédait, il aspira à la souveraine puissance. Pour cet effet il gagna par ses caresses l’affection des soldats, qui souhaitaient du changement, et ayant vu des vaisseaux chargés de vivres pour l’armée que l’empereur avait aux environs de Carras, et de Nisibe, il leur commanda d’aller plus loin, afin que les soldats, pressés par la faim, se portassent à la révolte.
