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Philippe, épouvanté de ces troubles, supplia le sénat, ou de lui donner des forces pour les apaiser, ou de le déposer, si son gouvernement lui était désagréable. Comme personne ne lui répondait rien, Dèce, qui surpassait les autres par sa naissance, par sa dignité et par son mérite, prit la parole pour lui dire qu’il ne devait pas si fort s’étonner de ces révoltes, parce que n’ayant qu’un faible appui, elles se dissiperaient d’elles-mêmes. Ce que Dèce avait prédit par l’expérience qu’il faut des affaires arriva, Papien et Marin ayant été assez aisément enlevés du monde. Mais leur mort n’apaisa pas les inquiétudes de Philippe, et il ne laissa pas d’appréhender toujours les effets de la haine qu’il savait que les gens de guerre portaient aux gouverneurs qu’il avait établis en ces pays-là. Il pria donc Dèce d’accepter le commandement des troupes de Moesie et de Pannonie, et comme il s’en excusait sur ce qu’il ne croyait pas que cela fût expédient ni pour l’empereur ni pour lui, il lui persuada, à la façon de Thessalie, selon le proverbe, de l’accepter, et il l’y envoya contre son inclination. Il n’y fut pas sitôt arrivé que les troupes voyant qu’il usait de sévérité envers ceux qui s’étaient éloignés de leur devoir, crurent ne pouvoir rien faire qui leur fût si avantageux que d’éviter le danger du châtiment, et d’élire un empereur, qui ayant toutes les qualités nécessaires pour bien gouverner en temps de guerre et en temps de guerre, se déferait de Philippe.
