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Ayant ainsi résolu d’essuyer toute sorte de dangers, voici ce qui arriva. Il avait auprès de lui un excellent ingénieur qui était si adroit à tirer qu’il ne manquait jamais de frapper celui à qui il visait. Lydius lui ayant commandé un jour de tirer sur un des assiégeants, il le manqua par hasard ou à dessein, en haine de quoi Lydius le fit dépouiller et fustiger, et le menaça de le faire mourir. L’ingénieur indigné de ce mauvais traitement et appréhendant l’avenir, trouva le moyen de s’échapper, et s’étant refugié au camp des Romains, leur raconta ce qu’il avait fait et ce qu’il avait souffert, et leur montra une embrasure par où Lydius avait coutume de regarder ce qui se passait dans leur camp, et leur promit de tirer sur lui lorsqu’il y regarderait selon sa coutume. Le chef des Romains l’ayant reçu, il plaça sa machine, et mit quelques soldats devant lui, pour le couvrir de peur qu’il ne fût reconnu par les assiégés ; et dès que Lydius parut, il lui tira un coup mortel. Lydius, tout blessé qu’il était, exerça d’horribles cruautés contre quelques-uns de ses gens, exhorta les autres à ne se point rendre, et mourut. Ne pouvant plus néanmoins soutenir le siège, ils se rendirent, et telle fut la fin de ce brigandage.
