28.
Les Scythes, qui possédaient cependant paisiblement ce qu’ils tenaient en Europe, ayant passé en Asie, et ayant fait des courses en Cappadoce, jusqu’à Pessinunte, et jusqu’à Ephèse, Emilien, général des troupes de Pannonie, voyant que leur courage était abattu par la prospérité des Barbares, tâcha de le relever, et de les faire souvenir de l’ancienne vertu romaine; il fondit à l’improviste sur les Barbares qui se trouvaient là, en tua un grand nombre, entra dans leur pays, tailla en pièces, à l’aide de la surprise, tout ce qu’il rencontra sur son passage, et, contre tout espoir, arracha à la fureur des ennemis les objets de l’empire. Cet exploit le fit proclamer empereur par ses soldats. Ayant ramassé à l’heure même tout ce qu’il avait de gens de guerre, à qui la victoire commençait à enfler le cœur, il marcha vers l’Italie, à dessein d’y combattre Gallus qui n’était pas préparé à le recevoir. Celui-ci, ne sachant rien de ce qui était arrivé en Orient, avait envoyé Valérien au-delà des monts pour lui amener promptement les légions qui étaient dans la Germanie et dans les Gaules. Emilien s’étant rendu en Italie avec une diligence extraordinaire, les troupes de Gallus firent réflexion, tant sur leur petit nombre que sur la lâcheté et l’incapacité de leur prince, le tuèrent lui et son fils, et se remirent à Emilien.
