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Voici encore une autre chose qui arriva aux Palmyréniens. Il y a, entre Héliopole et Biblos, un lieu nommé Aphaca, où s’élève un temple dédié à Vénus l’Aphacitide. Proche de ce temple est un lac fait en forme de citerne. Toutes les fois qu’on s’assemble dans ce temple, on voit aux environs, dans l’air, des globes de feu, et ce prodige à été encore observé de nos jours. Ceux qui y vont portent à la déesse des présents en or et en argent, en étoffes de lin, de soie et d’autres matières précieuses, et les mettent sur le lac. Quand ils sont agréables à la déesse, ils vont au fond, et cela arrive aux étoffes les plus légères, au lieu que quand ils lui déplaisent, ils nagent sur l’eau, malgré la pesanteur naturelle des métaux. Les Palmyréniens étant allés en ce temple un jour de fête, un peu avant la ruine de leur nation, et ayant porté sur le lac quantité de présents en or, en argent et en étoffes, ces offrandes allèrent au fond, mais l’année suivante en ayant encore porté de semblables, elles demeurèrent au dessus de l’eau, ce qui était un présage manifeste de ce qui leur devait arriver. Voilà les marques que les Romains reçurent de la bonté des dieux, tant qu’ils observèrent religieusement les cérémonies de leur culte. Lorsque je serai arrivé au temps de la décadence de l’empire, j’en marquerai la cause, autant qu’il me sera possible, et je produirai les oracles qui la découvrent et qui la font reconnaître.
