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Ainsi donc, frères bien-aimés, de même que nous avons prouvé par la sainte Ecriture que , pour bien vivre et pour bien agir, l'homme est doué du libre arbitre de sa volonté; voyons dans cette même Ecriture quelques-uns des témoignages qui nous prouveront que, sans la grâce de Dieu, nous ne pouvons faire le bien. Tout d'abord je vais dire un mot de votre sainte profession. Car s'il vous est donné de former cette belle communauté et d'y vivre dans la continence, n'est-ce point parce que vous avez méprisé la volupté charnelle? Or, au sujet de cette continence, rappelez-vous ce que les disciples dirent au Seigneur : « Si telle est la destinée de l'homme dans le mariage, il est préférable de ne point se marier ». Le Sauveur leur répondit : « Tous ne comprennent point cette parole, il n'y a, pour la comprendre, que ceux qui en ont reçu la grâce1 ». N'était-ce pas au libre arbitre de Timothée que l'Apôtre adressait cette exhortation : « Renfermez-vous dans la continence2? » Il va même jusqu'à montrer la puissance de la volonté dans ce glorieux état, quand il écrit : « Pourvu qu'il n'éprouve aucune nécessité, et qu'il ait la puissance de sa volonté, qu'il conserve sa fille dans la virginité ». Et cependant « tous ne comprennent pas cette parole, il n'y a, pour la comprendre, que ceux qui en ont reçu la grâce ». En effet, ceux qui n'ont pas reçu cette grâce, ou lie veulent pas de la continence, ou ne font pas ce qu'ils veulent; au contraire, ceux qui l'ont reçue veulent le bien et accomplissent ce qu'ils veulent. J'en conclus rigoureusement que ceux, en petit nombre, qui comprennent cette parole dont le grand nombre est exclu, n'obtiennent ce précieux résultat que sous l'influence des deux principes : la grâce de Dieu et le libre arbitre.
