9.
De là cette parole du divin Maître : « Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation1 ». Tous ceux donc qui combattent contre leur propre concupiscence doivent prier afin qu'ils n'entrent pas en tentation, c'est-à-dire afin qu'ils ne se laissent ni séduire ni entraîner par la concupiscence. Or, celui-là n'entre pas en tentation, qui triomphe par sa bonne volonté de la concupiscence mauvaise. Mais, pour en triompher, il ne suffit pas du libre arbitre, il faut encore la grâce divine obtenue par la prière. En effet, n'est-il pas évident que si la prière nous est commandée, c'est en vue d'obtenir la grâce de Dieu? Si le Sauveur se fût contenté de dire : « Veillez afin que vous n'entriez pas en tentation », il n'aurait fait appel qu'à la seule volonté de l'homme; mais comme il ajoute: « Et priez », il prouve clairement que nous avons besoin du secours de Dieu pour ne point entrer en tentation. C'est au libre arbitre qu'il est dit : « Mon fils, gardez-vous de quitter la discipline du Seigneur2 » ; et, s'adressant au chef des Apôtres, le Seigneur lui a dit : « Pierre, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas3 ». L'homme est donc aidé parla grâce, autrement ce serait en vain que des préceptes surnaturels se seraient imposés à sa volonté.
