8.
Parlant de la pudeur conjugale, l'Apôtre a dit : « Qu'il fasse comme il veut, il ne pèche pas en se mariant1 »; et cependant le mariage lui-même est un don de Dieu, selon cette parole de l'Ecriture : « C'est par le Seigneur que la femme est unie à son mari2» Voilà pourquoi, traitant de la pudeur conjugale qu'il oppose comme une barrière infranchissable à l'adultère, et de la virginité qu renonce à toutes les jouissances de la chair le Docteur des nations justifie ces deux états les déclare tous deux un don de Dieu, averti les époux de se rendre le devoir réciproque et ajoute aussitôt, s'adressant toujours aux Corinthiens : « Je voudrais que tous vous pussiez, comme moi, vivre dans la continence»; ces paroles nous prouvent qu'il vivait dans la virginité; il continue : « Mais chacun a reçu de Dieu un don qui lui est propre, l'un d'une manière et l'autre d'une autre manière3 », Et puis, toutes ces prescriptions formulées par la loi de Dieu contre la fornication et l'adultère, ne supposent-elles pas nécessairement le libre arbitre ? Pourquoi des préceptes, si l'homme ne trouvait pas dans sa volonté propre le moyen d'obéir aux commandements du Seigneur? Et cependant il n'en est pas moins vrai que le pouvoir même que nous avons d'accomplir les préceptes de la chasteté est un don qui ne saurait nous venir que de Dieu. De là cette parole du livre de la Sagesse; « Je savais que personne ne peut être continent si Dieu ne lui en fait la grâce, et que c'est un des signes de la sagesse de connaître la source unique d'où ce don peut nous être conféré4 ». Or, à l'encontre de ces saints préceptes de la chasteté, « chacun se sent tenté, attiré et entraîné par sa propre concupiscence5 ». Dans cette situation, si l'homme s'écrie : Je veux obéir, mais je suis vaincu par ma concupiscence; l'Ecriture,s'adressant à son libre arbitre, lui répond : « Ne veuillez pas vous laisser vaincre par le mal, mais triomphez du .mal par le bien ». Or, cette victoire n'est possible qu'avec le secours de ta grâce, sans lequel la loi n'est plus qu'une force imprimée au péché. En effet, c'est dans les prohibitions de la loi que la concupiscence trouve l'occasion de se développer et d'accroître ses forces, si elle ne se trouve point arrêtée par l'esprit de grâce. De là ce mot de l'Apôtre : « Le péché est l'aiguillon de la mort, et la loi est la force du péché ». De là aussi ce gémissement poussé par l'homme : Je veux observer le précepte de la. loi, mais je me vois vaincu par la force de ma concupiscence. Que sert-il donc de dire à la volonté : « Gardez vous de vous laisser vaincre par le mal », si cette volonté ne se sent pas appuyée sur le secours de la grâce? C'est également la pensée de l'Apôtre; car, après avoir dit de la loi qu'elle est « la force du péché », il ajoute aussitôt : « Rendons grâces à Dieu qui nous donne la victoire par Notre-Seigneur Jésus-Christ6 ». Donc, la victoire par laquelle nous triomphons du péché, n'est rien autre chose que le don de Dieu venant au secours de notre libre arbitre, pour lui aider à soutenir les efforts du combat.
