CHAPITRE XXI.
DU TRAVAIL DES MOINES. — UN LIVRE.
Ce qui m’a forcé à écrire sur le Travail des moines, c’est que des monastères ayant commencé à s’établir à Carthage, certains se nourrissaient du travail de leurs mains, selon le précepte de l’Apôtre; d’autres voulaient vivre des offrandes des personnes pieuses, et ne travaillant ni pour acquérir ni pour compléter le nécessaire, s’imaginaient et se vantaient de mieux accomplir ce précepte de l’Evangile : « Regardez les oiseaux du ciel et les lis des champs 1. » Il en était résulté entre les laïques d’une vie commune, mais d’un zèle fervent, des contestations tumultueuses qui troublaient l’Eglise, les uns prenant parti pour ceux-ci, les antres pour ceux-là. Ajoutez que plusieurs de ceux qui prétendaient que les moines ne doivent pas travailler, n’avaient pas la tête rasée. De là les contestations, soit de reproche, soit de défense, s’aggravaient encore par la passion des partis. C’est pourquoi le vénérable vieillard Aurélien, évêque de I’Eglise de cette cité, m’ordonna d’écrire sur ce sujet, et je le fis. Ce livre commence ainsi : « J’obéis à votre ordre, saint frère Aurélien. »
Matth. VI, 26. ↩
