CHAPITRE XXXIII.
DES PEINES ET DE LA RÉMISSION DES PÉCHÉS, AINSI QUE DU BAPTEME DES PETITS ENFANTS. — TROIS LIVRES A MARCELLIN.
Je me suis aussi trouvé dans la nécessité d’écrire contre la nouvelle hérésie pélagienne; jusque-là nous l’avions combattue quand il le fallait, non pas par nos écrits, mais par nos discours et nos conférences, et autant que chacun de nous le pouvait ou le devait. On m’avait envoyé de Carthage des questions soulevées par la secte, et que j’avais à résoudre en répondant; j’écrivis d’abord trois livres intitulés : Des peines et de la rémission des péchés; j’y discute principalement sur le baptême à donner aux petits enfants, à cause du péché originel, et sur la grâce de Dieu par laquelle nous sommes justifiés, c’est-à-dire rendus justes, bien que dans cette vie personne ne garde assez les commandements de la justice pour n’avoir pas besoin de dire dans sa prière: « Pardonnez-nous nos offenses 1. » C’est contre toute cette doctrine qu’ils ont fondé une nouvelle hérésie. Je pensais que dans ces livres je devais encore taire leurs noms, espérant qu’ils pourraient plus aisément se corriger; et même, dans le troisième livre, qui est une lettre, mais que j’ai jugé devoir joindre aux deux autres livres, je n’ai prononcé le nom de Pélage qu’en lui accordant quelque louange 2, parce que sa vie était l’objet des éloges de beaucoup de gens; j’ai réfuté les arguments qu’il a mis dans ses écrits, non en son propre nom, mais en exposant ce que d’autres disaient: et cependant plus tard étant déjà hérétique, il a soutenu les mêmes sentiments avec une obstination pleine d’animosité. Coelestius, son disciple, avait déjà, pour de pareilles erreurs, mérité d’être frappé d’excommunication, à Carthage, par un jugement épiscopal auquel je n’ai pas assisté. Dans le second livre, en un certain endroit, j’ai dit: « A la fin il sera accordé à quelques-uns de ne pas sentir la « mort dans un passage subit 3, » en réservant ce point à un examen plus approfondi. En effet, ou bien ils ne mourront pas, ou bien ils ne sentiront pas la mort, dans le très-rapide passage qui, comme en un clin d’oeil, les transportera de cette vie à la mort et de la mort à la vie éternelle. Cet ouvrage commence ainsi : « Quoique dans le tourbillon des plus graves sollicitudes. »
