CHAPITRE XXXVII.
DE L’ESPRIT ET DE LA LETTRE, A MARCELLIN. — UN LIVRE.
La même personne à laquelle j’avais écrit les trois livres intitulés : Des peines et de la rémission des péchés, où je traitai aussi avec soin du baptême des petits enfants, m’écrivit de nouveau qu’elle avait été émue de ce que j’avais avancé, qu’il se pouvait faire que l’homme fût sans péché, si sa volonté, aidée par le secours de Dieu, ne faisait pas défaillance; bien que toutefois personne n’eût été, ne fût et ne puisse être doué d’une telle perfection dans cette vie. Elle me demanda comment j’avais indiqué comme possible ce dont il n’y avait pas d’exemple. En réponse à cette demande, je lui adressai un livre dont le titre est : De l’esprit et de la lettre, développement de cette maxime de l’Apôtre : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie 1. » Dans ce livre, autant que Dieu a bien voulu m’y aider, j’ai ardemment lutté contre les ennemis de la grâce divine par laquelle l’impie est justifié. Or, comme je traitais des observances des Juifs, qui s’abstiennent de certaines viandes, selon les prescriptions de l’ancienne loi, j’ai dit : « Les cérémonies de quelques viandes 2. » Ce mot n’est pas usité dans les saintes Lettres; cependant, il me parut approprié alors à mon sujet, puisque le mot de cerimoniae se présentait à ma mémoire comme équivalent à carimoniœ, de carere, manquer, et que ceux qui gardent ces observances manquent des choses dont ils s’abstiennent. S’il y a pour ce mot une autre étymologie qui combatte la vraie religion, je ne l’ai pas voulu prendre, je m’en suis voulu tenir à celle que je viens d’indiquer.
Ce livre commence ainsi: « Ayant lu, mon très-cher fils Marcellin, les opuscules que j’ai récemment composés pour vous. »
