CHAPITRE LVI.
DE L’ÂME ET DE SON ORIGINE.. QUATRE LIVRES.
Dans le même temps, un certain Vincentius Victor trouva dans la Mauritanie Césarienne, chez un prêtre espagnol nommé Pierre, un opuscule de moi où j’avouais, à propos de l’origine de l’âme de tous les hommes, que j’ignorais si ces âmes proviennent de celle du premier homme et ensuite de celles de nos parents, ou si elles sont données à chaque homme, sans aucune propagation, comme à Adam; je déclarais savoir seulement que l’âme n’est pas un corps, mais un esprit. Ce Vincentius Victor adressa à ce même Pierre deux livres contre mon opinion, et le moine René me les envoya de Césarée. Après les avoir lus, je donnai ma réponse en quatre livres, l’un adressé au moine René, l’autre au prêtre Pierre, les deux derniers à Victor lui-même. Ce que j’ai écrit à Pierre est une lettre, quoique par son étendue cette lettre soit plutôt un livre; mais je n’ai pas voulu la séparer des autres. Dans tous ces livres, qui traitent de matières très-graves, j’ai défendu mes doutes sur l’origine des âmes qui sont données à chaque homme et j’ai montré les nombreuses erreurs et les faussetés de la présomption de mon adversaire. Toutefois, comme c’était un jeune homme qu’il ne fallait pas pousser trop vite, mais qu’il fallait instruire encore, je l’ai traité avec le plus de douceur que j’ai pu, et j’ai reçu de lui une rétractation. Le livre à René commence par ces mots: « Nous avions la preuve de votre sincérité à notre égard. »Celui qui s’adresse à Pierre, par ceux-ci : « A mon très-cher frère et seigneur, et confrère en prêtrise, Pierre. » Des deux derniers adressés à Vincent Victor, le premier commence ainsi : « Ce que j’ai pensé devoir vous écrire. »
