1.
Le psaume que nous venons de chanter est court; mais l’Evangile nous dit de Zachée qu’il était court de taille et grand en oeuvres1; ainsi encore la veuve ne mit dans le trésor du temple que deux pièces de monnaie2, c’était peu d’argent et beaucoup de charité3. De même, si l’on compte les paroles de notre psaume, il est court; mais il est grand si l’on en pèse le sens. Il ne pourra donc nous causer aucun ennui par sa longueur. Pourquoi? Que votre charité veuille bien écouter, et nous prêter une attention religieuse. Que la parole de Dieu se fasse entendre, bon gré, mal gré, à temps et à contre-temps. Cette parole se fait faire une place, elle a trouvé des coeurs où elle se peut reposer, une terre où elle peut germer et porter du fruit. Sans doute il est évident que jusqu’à la fin il y aura dans le giron de l’Eglise beaucoup de méchants et d’injustes; c’est pour ces hommes que la parole de Dieu est superflue, et dès lors elle tombe sur eux, ou comme le bon grain sur le grand chemin, et qui est mangé par les oiseaux du ciel4 ; ou comme celui qui tombe dans les endroits pierreux, et qui n’ayant pas beaucoup de terre , germe d’abord, puis se dessèche sous les rayons du soleil, parce qu’il n’a point de racine; ou comme celui qui tombe parmi les épines, qui germe et fait des efforts pour s’élever en haut, mais qui est étouffé par le grand nombre d’épines. Ceux qui méprisent la parole de Dieu ressemblent donc, ou bien au grand chemin; ou bien à ceux qui se réjouissent d’abord, pour se dessécher bientôt quand vient la persécution comme les feux du soleil; ou bien à ceux dont les pensées, les soins, les inquiétudes de cette vie, semblables aux épines de l’avarice, étouffent la bonne semence qui avait commencé à germer en eux. Mais il y a aussi la bonne terre, qui reçoit la semence et rapporte du fruit, chacun des grains produisant trente, ou soixante, ou même cent autres5. Or, soit peu, soit beau. coup, tous sont dans le grenier céleste. Il est en effet de ces âmes, et c’est pour elles que nous parlons maintenant. C’est pour elles que l’Ecriture a parlé, pour elles que l’Evangile se fait entendre. Qu’elles écoutent néanmoins, afin de n’être point telles aujourd’hui et autres demain; et de peur qu’elles ne dégénèrent en écoutant, qu’elles labourent le chemin, qu’elles ôtent les pierres, qu’elles arrachent les épines. Que l’Esprit de Dieu nous parle, qu’il prêche pour nous, qu’il nous fasse entendre ses chants; soit que nous voulions ou non danser avec David, qu’il soit lui. même notre musicien. Un danseur, en effet, donne à ses membres un mouvement cadencé selon le chant du musicien, de même ceux qui dansent sur le précepte de Dieu adaptent leurs oeuvres à ses paroles. Quel reproche en effet le Sauveur adresse-t-il, dans l’Evangile, à ceux qui n’ont point voulu le faire? « Nous avons chanté pour vous, et vous n’avez point dansé; nous avons pleuré, et vous n’avez point gémi6 ». Que le Seigneur veuille donc chanter pour nous; nous croyons que par la divine miséricorde il yen aura qui voudront bien nous consoler. Quant aux obstinés qui persévèrent dans leur malice, bien qu’ils entendent la parole de Dieu, ils troublent néanmoins l’Egiise par leurs scandales. C’est de ces hommes que le psaume nous dit:
