DISCOURS SUR LE PSAUME LXXII.
SERMON AU PEUPLE 1.
VANITÉ DES BIENS TERRESTRES.
Dans l’Ancien Testament était caché le Nouveau, comme le fruit dans sa racine. De cette racine Dieu a retranché des branches pour y greffer les Gentils qui doivent craindre et persévérer dans le bien. Les promesses temporelles, figures des promesses spirituelles, n’étaient que pour un temps, non plus que les hymnes de David, ou ce culte de la synagogue, mère des Apôtres ou des chefs du bercail. Ce peuple tiré de la servitude, puis errant dans le désert, et introduit dans la terre promise, était la figure du peuple chrétien, délivré par le baptême. Toutefois la terre promise qui finit pour les Juifs, les force à chercher une terre sans fin. La synagogue servait Dieu pour les biens du temps et se scandalisait de voir ces biens entre les mains des impies Elle ne bénit plus le Seigneur, elle l’accuse, puis arrive à comprendre qu’il faut chercher Dieu lui-même. — Le Prophète a failli s’égarer en voyant la prospérité des impies, qui pèchent dans l’abondance et non par nécessité, qui haïssent tout avertissement, qui se glorifient du mal sans penser à leur fin. Mais la mort changea les rôles pour Lazare et pour le mauvais riche. Le vrai fidèle se demande si Dieu n’a pas soin des choses d’ici-bas ; il se rassure par l’autorité des livres saints, qui prêchent la providence et la justice ; il méprise des biens que Dieu donne h ses ennemis. il s’unit à Dieu pour voir, à la lueur du jugement, que l’élévation des impies n’est qu’une vaine fumée, leur félicité, celle d’un songe qu’il n’y a qu’à nous laisser mener par la main à la possession de Dieu, seul et souverain bien.
Ce sermon prêché au peuple, probablement en 411, la veille de la fête de saint Cyprien. Voir Lettre CXL à Honor. ↩
