DISCOURS SUR LE PSAUME CXXII.
SERMON AU PEUPLE.
LE CIEL PAR L’AMOUR.
L’amour monte au ciel, ou descend dans l’abîme : il ne saurait monter au ciel que par le Christ qui, seul, en est descendu, seul y peut remonter. C’est à lui qu’il faut nous unir ; et il est uni à nous sur la terre, puisque c’est lui que l’on persécute dans ses membres, nous lui sommes unis dans le ciel par la charité qui espère C’est l’héritage du Christ ou de l’Eglise qui, dans l’exil, pousse des cris et lève les yeux vers le Dieu du ciel. C’est à lui que nous montons par le coeur ou par l’amour et par la pensée ; mais l’orgueilleux n’ayant d’amour que pour lui-même, ne saurait faire ses délices de Dieu, ni monter, à coins d’avoir son péché devant les yeux, et d’en détourner l’oeil de Dieu par l’aveu qu’il en fera. Le ciel ou la demeure de Dieu est formé des saints, ou qui le voient face à face, ou qui le voient par l’espérance ; non que nous soutenions le Seigneur, mais c’est lui qui nous soutient. Le Prophète lève leu yeux vers celui qui est le maître, comme le serviteur sur les mains du maître, la servante sur la main de sa maîtresse, jusqu’à ce qu’il nous prenne en pitié; car nous sommes condamnés au châtiment et Adam souffre dans toute sa postérité. Tous ceux qui appartiennent à l’Eglise ou à la servante devenue épouse, sentent leurs plaies et demandent miséricorde. Ici-bas les incrédules nous méprisent, se rient de notre foi. Le riche nous insulte, lui qui ne tient que pour un moment ce qu’il possède ; le pauvre nous insulte dans notre foi, lui qui se croit juste. Le riche reconnaîtra son erreur, mais trop tard. Ici-bas, tandis que nous n’avons ni la santé du corps, ni la sainteté de l’âme, aspirons à la cité du bonheur véritable.
