DISCOURS SUR LE PSAUME LXXXVI.
SERMON AU PEUPLE.
Probablement prêché à Carthage, en présence de l’évêque de cette ville, Aurèle.
LA JÉRUSALEM CÉLESTE.
La ville chantée dans le psaume est la cité de Dieu que nous chantons, si nous l’aimons. C’est la sainte Sion dont les Apôtres et les Prophètes sont tout à la fois les citoyens et les montagnes sur lesquelles cette cité est bâtie. Le Christ est cette pierre de l’angle où se sont rencontrées les deux murailles venant l’une de la circoncision, l’autre de la gentilité. Il est aussi la base de la Cité, et au lieu que les édifices de la terre partent d’en bas, l’édifice spirituel vient d’en haut. Le Christ est encore la porte du bercail, et le berger, et cet édifice est vivant dans chacune de ses pierres, et chaque pierre est carrée afin d’être debout en tout sens. Les Apôtres et les Prophètes en sont la base, parce qu’ils soutiennent notre faiblesse, et les portes, parce que nous y entrons par eux; et y entrer par eux, c’est y entrer par Jésus-Christ. De là ce nombre de douze portes, nombre qui désigne l’universalité, et correspond aux douze siéges, parce qu’on viendra de tous côtés pour y entrer, y siéger, y juger. Le Christ nous y a précédés et y entre dans chacun de ses membres qui s’est appliqué les mérites de la passion. C’est là que viennent Rabab et Babylone, ou les Gentils purifiés. C’est le Christ qui a fondé cette ville où il est né, comme il a créé sa mère. Là est le roi, l’ineffable bonheur.
