4.
« Je vous invoquerai, Seigneur, et le matin vous entendrez mes cris (Ps. V, 4 ) ». Pourquoi le Prophète a-t-il dit tout à l’heure « Ecoutez »; comme s’il désirait être exaucé sur-le-champ, et dit-il maintenant : « Au matin vous entendrez mes cris », puis: « Je vous invoquerai »; non plus: « Je vous invoque » ; et enfin: « Au matin je me tiendrai debout et je vous verrai»; non plus: « Je me tiens debout et je vois ? » Ne serait-ce point l’objet de ses supplications qui serait indiqué dans la première invocation? Mais dans la nuit ténébreuse et tempétueuse du monde, le Prophète comprend qu’il ne voit point ce qu’il désire, bien qu’il ne cesse pas d’espérer: car « l’espérance qui verrait ne serait pas une espérance (Rom. VIII, 24 ) ». Il sait bien que s’il ne voit pas, c’est parce que cette nuit ténébreuse qui est le châtiment du péché, n’est point encore achevée. Il dit donc: « Parce que c’est vous que j’invoquerai, Seigneur ». C’est-à-dire, telle est votre grandeur, ô vous que j’invoquerai, « qu’au matin seulement, vous exaucerez ma prière ». Vous n’êtes point un Dieu que puissent voir les hommes dont les yeux sont obscurcis par la nuit du péché; mais lorsque cette nuit de mes erreurs s’achèvera, et que les ténèbres dont m’enveloppaient mes fautes seront dissipées, vous écouterez ma voix. Pourquoi donc n’a-t-il pas dit plus haut : Vous écouterez ; mais: « Ecoutez? » Serait-ce que n’ayant pas été exaucé après avoir dit : « Exaucez-moi », il a compris ce qui devait s’écouler afin qu’il pût être exaucé? ou bien aurait-il été d’abord exaucé, mais sans comprendre qu’il l’était, parce qu’il ne voit point celui qui l’exauce; et alors cette expression : « Au matin vous m’exaucerez », signifierait : Au matin, je comprendrai que vous m’exaucez ? comme il est dit ailleurs : « Levez-vous, Seigneur (Ps. III, 7 ) », pour : Accordez-moi de me relever. Il est vrai que cette parole s’applique à la résurrection de Jésus-Christ ; mais voici un autre passage qui ne peut s’entendre que dans notre sens: « Le Seigneur votre Dieu vous tente, afin que vous sachiez si vous l’aimez (Deut. XIII, 3 ) », c’est-à-dire, afin que, par lui, vous compreniez et qu’il vous soit bien démontré quel progrès vous avez fait dans son amour.
