12.
Ayant assemblé son armée sur la fin de l’hiver, il l’envoya devant lui, et partit d’Antioche sans avoir pu offrir de sacrifice. Bien que je n’ignore pas comment cela arriva, j’aime mieux le passer sous silence. Il arriva en cinq jours à Sérapole, où il avait commandé que les vaisseaux, tant de guerre que marchands, se rendissent de Samosate et des autres lieux qui sont aux environs de l’Euphrate. Il en donna le commandement à Niénus, et ayant passé trois jours seulement à Sérapole, il alla à Batnas, ville de l’Osrhoène. Les Édésènes allèrent le trouver en cet endroit, lui présentèrent une couronne, et le supplièrent de leur faire l’honneur d’entrer dans leur ville. Il y entra, et y donna les ordres nécessaires, et en partit pour aller à Carrhas. Comme il délibérait sur le chemin qu’il devait prendre, s’il irait par le Tigre et par Nisibe, ou par l’Euphrate et par Circésium, qui est un fort assis sur les frontières d’Assyrie, à l’endroit où l’Aboras se mêle avec l’Euphrate, on rapporta que les Perses faisaient le dégât sur les terres des Romains. L’armée fut un peu troublée de cette nouvelle. Mais l’empereur ayant reconnu que ce n’était qu’une troupe de gens qui couraient à la façon des voleurs, et qui se retiraient aussitôt avec leur butin, il se résolut de laisser quelques troupes pour garder les bords du Tigre, de peur que, pendant qu’il marcherait avec toute l’armée par l’autre chemin, les Perses ne ravageassent Nisibe et le pays d’alentour. Il y laissa donc dix-huit mille hommes pesamment armés, sous la conduite de Sébastien et de Procope, et s’embarqua sur l’Euphrate avec le reste de l’armée qu’il divisa en deux, afin que, de quelque côté que les ennemis parussent, il fût aisé de réprimer leurs courses.
