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Etant parti de là, il continua à prendre la même peine, et rendit par son travail la marche plus aisée et le passage plus supportable. Il les fit tous passer jusqu’à un bois de palmiers, où il y avait des vignes dont le sarment se liait avec les palmes. Ayant passé la nuit en cet endroit-là, il partit le matin du jour suivant pour aller plus loin. Peu s’en fallut que voulant approcher d’un fort, il n’y reçût un coup mortel : car un Persan en étant sorti l’épée à la main, était près d’en frapper l’empereur à la tête. Mais ayant prévu le coup, il se couvrit de son bouclier. Les Romains se jetèrent en foule sur ce Persan, et le tuèrent sur la place avec tous les siens. Julien irrité de son insolence, visita le fort, et considéra l’endroit par où il était plus aisé de le prendre. Le suréna se préparait cependant à attaquer les soldats qui étaient dans le bois de palmiers, et se promettait d’enlever leur équipage, et d’obliger l’empereur à abandonner le siège du fort; mais il ne fit ni l’un ni l’autre. L’empereur tenait la prise de ce fort pour très importante, parce que les habitants de Bésuchis, ville fort peuplée, et des autres places d’alentour s’y étaient réfugiés, à la réserve de ceux qui s’étaient retirés à Ctésiphon et dans les forts, et par cette raison, il pressait vivement le siège. Les troupes qu’il avait envoyées battre la campagne se défendirent vaillamment contre ceux qui les voulurent attaquer, en tuèrent une partie, mirent le reste en déroute, et rendirent, par ce moyen, à l’empereur le siège plus sûr et plus commode. Elles n’épargnèrent pas même ceux qui s’étaient retirés dans les bois, et les y ayant poursuivis, elles assommèrent les uns et prirent les autres.
