25.
Tous demandaient qu’on leur montrât une lettre de ta Piété. Sans doute, une seule parole de l’empereur a la même autorité qu’un écrit de sa main, surtout quand celui qui la transmet ose écrire ce qu’elle ordonne. Mais, du moment que ces hommes ne disaient point clairement qu’il y eût un ordre, qu’ils ne le donnaient pas par écrit, comme on le demandait, et paraissaient tout faire d’eux-mêmes, je le confesse et le dis avec sincérité, je conçus des soupçons contre eux. Il y avait autour d’eux beaucoup d’ariens; ils mangeaient et prenaient conseil avec eux; plus de liberté dans leurs actions; ils n’avaient souci que de me tendre des embûches et des pièges. Rien dans leurs actes qui parût résulter d’un ordre de l’empereur; ils prouvaient eux-mêmes qu’ils agissaient à la demande de mes ennemis. Cette conduite me forçait d’exiger une lettre avec plus d’instance; tout m’était suspect, leurs tentatives et leurs projets; et, rentré dans mon église avec tant de lettres, il ne me convenait pas d’en sortir sans lettre. Sur la foi de Syrianus, tous les fidèles se réunissaient dans les églises avec joie et sans inquiétude. Mais, vingt-trois jours après avoir donné sa parole, il envahit l’église avec des soldats pendant que nous faisions les prières habituelles: c’est ce qu’ont vu ceux des soldats qui sont entrés; on célébrait la veillée de la synaxe du lendemain. Il arriva dans cette nuit des choses telles que le voulaient et d’avance les avaient annoncées les ariens. Ils formaient l’escorte du général, quand il entra; ils étaient les chefs et les conseillers de l’irruption. Conduite qui n’a rien d’incroyable, Auguste très ami de Dieu: car ils n’échappèrent point aux yeux, et tout fut divulgué. A la vue de l’invasion, j’invitai d’abord les peuples à se retirer, et c’est seulement après eux que, caché et conduit par Dieu, comme l’ont vu ceux qui étaient avec moi, je me retirai moi-même. Depuis ce temps, je restai caché, sûr de me justifier auprès de Dieu et de ta Piété. Non, je n’ai point fui, je n’ai point abandonné mon peuple, et j’ai pour témoin de la persécution l’irruption du général, qui fut pour tous le plus grand sujet d’étonnement. Il lui fallait ou ne pas engager sa parole, ou, après l’avoir engagée, ne point mentir.
