7.
Le seul soupçon d’un tel forfait n’est-il pas pour mon accusateur un acte de démence? Car qu’est-ce qui me persuadait de me fier à cet homme? Quelle sécurité trouvais-je en lui? Est-ce parce qu’il avait tué son maître, trahi ses amis, violé, ses serments et commis l’impiété contre Dieu, en recourant, malgré la décision divine, aux magiciens et aux enchantements?1 Avec quelle conscience l’aurais-je salué, lui dont la fureur et la cruauté m’avaient plongé dans la douteur et, avec moi, la partie de la terre que forme notre empire? Je lui devais, sans doute, beaucoup de reconnaissance pour avoir égorgé ton bienheureux frère qui remplissait les églises d’offrandes! En vain, le scélérat voyait ces bienfaits: il ne les respecta pas; il ne redouta pas la grâce que le baptême avait communiquée au bienheureux mais, comme un démon exterminateur, il s’élança avec fureur contre lui. Pour le bienheureux, ce fut le martyre,2 et lui depuis, semblable à un captif, gémissant et tremblant comme Caïn, se vit poursuivi, jusqu’à ce que, devenu son propre bourreau, il imitât Judas dans sa mort et s’attirât un double châtiment dans le jugement qui suit cette vie.
La mère de Magnence était « une sorte de prêtresse ou de prophétesse qui se mêlait de prédire l’avenir, lisait les sorts, rendait les oracles, et son fils suivait religieusement ses avis. » M. de BROGLIE. ↩
Athanase élève à l’honneur du martyre le chrétien Constant, tué par le païen Magnence. « On le contraignit, dit M. de Broglie d’après les historiens contemporains, de se donner la mort. » ↩
