2.
Ce psaume est donc le cri de ceux qui souffrent et par conséquent des martyrs qui sont en danger au milieu de leurs douleurs, mais qui mettent leur confiance dans leur chef. Ecoutons-les, unissons-nous à eux, parlons avec eux, du moins par les sentiments du coeur, sinon en souffrant de la même manière. Pour eux, ils ont reçu la couronne, tandis que nous sommes au milieu dus périls: non que nous ayons à subir les persécutions qu’ils endurèrent, mais les persécutions plus dangereuses peut-être de tous les scandales. Car ils sont plus multipliés de nos jours, que quand le Seigneur s’écriait: « Malheur au monde, à cause des scandales, et comme l’iniquité abonde, la charité se refroidit chez plusieurs1 ». Personne à Sodome ne faisait subir à Loth une persécution corporelle2; nul ne l’empêchait d’y habiter. Pour lui toute persécution était dans les moeurs corrompues des Sodomites. Ainsi, depuis que le Christ est assis dans les cieux, depuis qu’il est glorifié, que les rois ont courbé la tête sous son joug, qu’ils ont incliné leur front devant son signe, et qu’il ne reste personne qui ose publiquement insulter le Christ, nous n’en gémissons pas moins au milieu des symphonies et des mélodies; et les ennemis des martyrs, impuissants à les poursuivre de leurs cris et du glaive, les poursuivent de leurs vices. Plût à Dieu que nous n’eussions à souffrir que des païens! nous nous consolerions en attendant que la croix du Sauveur vint marquer ces hommes qu’elle n’a point touchés encore, et que sa puissance vint enchaîner leur fureur. Mais nous en voyons qui portent sur leur front le signe du Christ, porter sur ce même front l’impudence de la luxure, qui insultent plus qu’ils n’honorent les martyrs aux jours de leur solennité. Voilà ce qui nous fait gémir, ce qui est pour nous une persécution, pour peu que nous ayons de cette charité qui s’écrie « Qui donc est faible sans que je sois faible avec lui; qui est scandalisé sans que je brûle3 ? » Nul serviteur de Dieu n’est donc sans persécution ? elle est vraie cette parole de l’Apôtre e Aussi tous ceux qui veulent e vivre avec piété en Jésus-Christ, souffriront « persécution4». Cherchons-en l’origine, cherchons-en la manière, car le diable a deux formes. C’est un lion qui bondit, un dragon qui tend des embûches. Que ce lion nous menace, il est un ennemi; que ce dragon nous tende tin piége, il est encore un ennemi. Quand serons-nous eu sûreté? Tous auront beau devenir chrétiens, le diable deviendra-t-il chrétien à son tour? une cesse de nous tenter, il est sans cesse- en embuscade. Il est enchaîné,garrotté dans le coeur des impies, de peur qu’il ne sévisse contre l’Eglise et ne la tourmente selon ses désirs. L’honneur rendu à l’Eglise, la paix des chrétiens, voilà ce qui fait grincer des dents à l’impie; impuissant à sévir contre elle, il a recours aux danses, aux blasphèmes, aux impudicités, non pour frapper les corps des chrétiens, mais pour déchirer les âmes. Elevons donc une voix unanime, et répétons ces paroles : « O Dieu, soyez attentif à me secourir5». Car dans ce monde nous avons besoin d’un secours incessant.
Quand ce besoin cessera-t-il? Maintenant toutefois, que nous sommes dans l’angoisse, disons surtout: « O Dieu, soyez attentif à me secourir ».
