6.
Et qu’arrivera-t-il quand ils seront repoussés, quand ils seront tous dans la confusion, soit ceux qui cherchent ma vie, soit ceux qui méditent le mal contre moi, soit ceux qui ont des desseins pervers, et dont une feinte bienveillance veut adoucir les coups que portera leur langue ? quand ils seront repoussés et couverts de confusion, qu’arrivera-t-il ? « Qu’ils soient dans l’allégresse, qu’ils tressaillent en vous1 » : non pas en moi, non plus en tel ou tel, mais bien en Celui qui les a faits lumière, alors qu’ils étaient ténèbres. « Qu’ils tressaillent en vous, qu’ils soient dans l’allégresse, tous ceux qui vous cherchent ». Autre est rechercher Dieu, et autre est rechercher les hommes. « Qu’ils soient dans la joie ceux qui vous cherchent ». Donc ils ne seront pas dans la joie ceux qui se recherchent eux-mêmes, et que vous avez recherchés le premier, avant qu’ils aient songé à vous rechercher. Cette brebis ne cherchait point encore son pasteur, elle errait loin du troupeau, quand le Christ est descendu pour elle, l’a recherchée, l’a reportée sur ses épaules2. Pourrait-il, ô brebis, te mépriser quand tu le cherches. Celui qui le premier t’a recherchée, alors que tu le méprisais et que tu ne le cherchais point? Comment donc enfin la rechercher Celui qui le premier t’a recherchée, et t’a reportée sur ses épaules? Fais ce qu’il a dit: « Celles qui sont mes brebis entendent ma voix et me suivent3». Si donc tu cherches Celui qui t’a cherché le premier, tu deviens sa brebis, tu entends la voix de ton pasteur et tu le suis ; vois ce qu’il t’a montré de lui-même, ce qu’il t’a montré de son corps, afin que tu ne sois point trompé sur lui ni trompé sur l’Eglise, afin que nul ne te dise : Celui-ci est le Christ, quand ce ne serait point lui; ou bien: Voici l’Eglise, quand ce ne serait point l’Eglise. Il en est beaucoup en effet qui ont dit que le Christ n’avait point de chair, ou que le Christ n’est point ressuscité dans son corps: garde-toi de suivre leurs voix. Ecoute la voix du véritable pasteur, qui se revêtit d’une chair, pour courir après la chair qui était perdue. Il ressuscita et dit « Touchez et voyez, car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai4 ». C’est devant toi qu’il se montre, suis sa voix. Il te montre aussi l’Eglise, afin que nul ne te puisse tromper en s’appelant l’Eglise : « Il fallait», dit-il, « que le Christ souffrît et ressuscitât d’entre les morts le troisième jour, et que l’on prêchât en son nom la pénitence dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem5 ». Telle est la voix du pasteur, garde-toi de suivre la voix des étrangers6; le voleur n’est pas à craindre pour toi, si tu suis la voix du pasteur. Mais comment la suivras-tu? Si tu ne dis à aucun homme, en applaudissant à ses propres mérites: « Courage, courage! » et si tu ne l’entends point pour l’applaudir, de peur que l’huile des pécheurs ne parfume ta tête7. « Qu’ils tressaillent en vous, qu’ils soient dans l’allégresse, tous ceux qui vous cherchent, et qu’ils disent ». Que diront-ils dans leurs jubilations ? « Gloire à Dieu à jamais ». Qu’ils disent aussi, tous ceux qui sont dans l’allégresse et qui vous cherchent. Que dire? Qu’ils disent : « Gloire à Dieu à jamais, ceux qui aiment votre salut». Non-seulement, « gloire à Dieu », mais « gloire à jamais! » Tu étais égaré, tu errais loin de lui : il t’a appelé: « gloire à Dieu ». Il t’a soufflé la pensée de confesser tes fautes, tu les a confessées, il t’en accorde le pardon: « gloire à Dieu». Voilà que tu commences à vivre dans la justice; et il me paraît juste qu’à ton tour tu sois glorifié. Il fallait bénir le Seigneur quand il te rappelait de tes égarements; il fallait le bénir encore quand il t’a pardonné les fautes que tu confessais ; maintenant que tu as entendu sa parole et fait des progrès, que tu es justifié, que tu as atteint les suprêmes degrés de la vertu, il est bien juste pour toi de recueillir quelque gloire. « Qu’ils disent: Gloire à Dieu à jamais ». Tu es pécheur, bénis-le, afin qu’il t’appelle; tu confesses tes fautes, bénis-le, afin qu’il te lardonne; tu marches déjà dans la justice, bénis-le, afin qu’il te dirige; tu persévères jusqu’à la fin, bénis-le, afin qu’il te glorifie. « Gloire donc au Seigneur, toujours gloire ». Que tel soit le refrain des justes, le refrain de ceux qui cherchent le Seigneur. Quiconque ne tient pas ce langage ne le cherche point. Voilà: « Gloire à Dieu. Qu’ils tressaillent en vous, qu’ils soient dans l’allégresse,ceux qui le cherchent, et qu’ils disent: « Gloire au Seigneur à jamais, tous ceux qui aiment votre salut » : non pas leur salut, comme s’ils pouvaient se sauver eux-mêmes; non comme si le salut venait de l’homme et que l’on pût être sauvé par lui : « Gardez-vous», est-il dit, « de mettre votre confiance dans les princes, dans les fils des hommes, en qui le salut n’est pas8». Pourquoi? « Le salut est l’oeuvre du Seigneur, et votre bénédiction est sur votre peuple9 ». Donc « gloire à Dieu à jamais ». Quels hommes parlent ainsi ? « Ceux qui aiment votre salut ».
