CHAPITRE XV. LA VIRGINITÉ N'EST QU'UN CONSEIL ET NON UN PRÉCEPTE.
15. Le même apôtre dit encore: « Es-tu uni à une épouse, ne cherche pas une rupture; es-tu déchargé du lien conjugal, ne cherche point d'épouse ». La première de ces deux propositions est l'expression d'un précepte que l'on ne saurait violer sans crime. En effet, d'après la parole même du Sauveur, il n'est permis de se séparer d'une épouse que dans le cas de fornication1. La seconde proposition n'est qu'un conseil et non un précepte ; on pourrait licitement contracter de nouveaux liens, mais le mieux est de s'abstenir. Le même docteur continue : « En prenant une épouse tu n'as point péché; de même, si une vierge se marie, elle ne pèche pas ». En disant un peu plus haut : « Si tu es dans le mariage, ne cherche pas à le dissoudre », l'Apôtre a-t-il ajouté : Et si vous brisez cette union, vous ne péchez pas? Le pouvait-il, après des paroles comme celles-ci : « A ceux qui sont mariés, j'ordonne, non pas moi mais le Seigneur, de ne pas se séparer; si la femme se sépare, qu'elle garde la continence, ou qu'elle se a réconcilie avec son mari ». Il peut arriver, en effet, que le mari et non la femme soit la cause de cette séparation. Il ajoute : « Et que le mari ne quitte point sa femme2 », sans mentionner clairement que ce soit là un précepte divin, cependant il se garde bien de conclure : et s'il l'abandonne, il ne pèche pas. Car c'est là un précepte formel que l'on ne peut violer sans crime, ce n'est pas un simple conseil dont l'omission priverait d'un bien sans être un péché. Si « donc tu es délivré d'une épouse, n'en cherche pas une nouvelle » ; ce n'est pas ici un mal qu'il défend, mais un mieux qu'il conseille ; voilà pourquoi il ajoute aussitôt : « En te mariant tu n'as point péché; de même si une vierge se marie, elle ne pèche pas ».
