CHAPITRE XLVI. EXCELLENCE DE LA VIE COMMUNE POUR LES VIERGES.
Concluons, dès lors, que les dons de Dieu sont nombreux, mais différents l'un de l'autre en excellence. Tel n'a à faire fructifier qu'un petit nombre de ces dons, mais ils sont d'une nature plus élevée; tel autre n'a que des dons inférieurs, mais ils sont en plus grand nombre. Qui donc poussera la témérité jusqu'à égaliser ou diversifier entre les hommes les honneurs éternels qui les attendent, surtout quand il est certain que ces dons sont différents et qu'ils fructifient, non pas pour cette vie, mais pour la vie éternelle? Le Seigneur nous parle, il est vrai, de trois fructifications en particulier1, mais il laisse supposer les autres. Un des évangélistes ne parle même que du centuple u; doit-on en conclure ou qu'il réprouvait ou qu'il ignorait les deux autres nombres? N'a-t-il pas plutôt voulu en abandonner la supputation à l'intelligence de chacun ?
47. Que le centuple désigne la virginité religieuse ou tout autre état, toujours est-il que nous ne devons pas confondre ces différents degrés de rapport. Personne, je crois, n'osera préférer la virginité au martyre, et tous affirmeront sans hésiter que ce don du martyre peut exister, quoiqu'occulte, tant qu'il n'est pas en face de l'épreuve qui doit le manifester. 2
