CHAPITRE L. LE PÉCHÉ LÉGER, AGGRAVÉ PAR L'ORGUEIL ET DÉTRUIT PAR L'HUMILITÉ.
Toutefois ceux-là même qui déploient la vigilance la plus active pour éviter le péché, entraînés qu'ils sont par la fragilité humaine, le commettent encore quelquefois; ces péchés sont légers, ils sont rares, mais enfin ce sont des péchés. Que l'orgueil vienne y ajouter son poids, ils deviennent de graves et redoutables péchés. Confessons-les plutôt avec la plus profonde humilité ; et le Prêtre que nous avons au ciel les effacera et ils disparaîtront avec la facilité la plus grande.
51. Je ne m'adresse toutefois nullement à ceux qui soutiennent que l'homme, ici-bas, peut vivre sans péché; je ne veux engager contre eux aucune discussion. On pourrait dire que nous jugeons des grandes âmes d'après notre profonde misère, et que nous nous aveuglons en nous comparant nous-mêmes à nous-mêmes1. Mais je sais une chose, c'est que ces grandes âmes, et nous n'en sommes pas, nous n'en n'avons jamais connu de telles, plus elles sont grandes, plus elles s'humilient et prennent partout le dernier rang afin de trouver grâce devant Dieu. Quelque grandes qu'elles soient, en effet, il sera toujours vrai de dire que « le serviteur n'est pas au-dessus de son Seigneur, ni le disciple plus grand que son Maître2». Or le Seigneur est Celui qui a dit : « Tout m'a été donné par mon Père » ; et le Maître . « Venez à moi vous tous qui êtes dans la peine et apprenez de moi ». Et qu'apprendrons-nous? « Que je suis doux et humble de coeur3 ».
