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Comment, dira-t-on, l'Apôtre a-t-il pu dire des Gentils qu'ils «accomplissent naturellement les prescriptions de la loi », et non point par l'esprit de Dieu, par la foi, par la grâce? En effet, l'esprit de grâce a pour résultat de renouveler en nous l'image divine, dans laquelle nous avons été constitués naturellement. De son côté, le vice est quelque chose de contraire à la nature, et il ne peut être guéri que par la grâce; de là cette parole du Psalmiste : « Ayez pitié de moi, guérissez mon âme, parce que j'ai péché contre vous1 ». Dans ce sens donc, les hommes accomplissent naturellement les prescriptions de la loi; car ceux qui ne les accomplissent pas font en quelque sorte violence à leur nature et se rendent les esclaves du vice. Le vice est l'agent pervers qui arrache la loi du coeur de l'homme; détruisez cet agent, guérissez ce vice, la loi reparaît et s'accomplit naturellement. Et quand je dis naturellement, je n'entends pas que la nature exclue la grâce, mais je veux parler de la nature réparée par la grâce. Car « le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et c'est ainsi que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché2 ». Et, dès lors, « puisqu'il n'y a en Dieu aucune acception de personnes, tous ont besoin de la gloire de Dieu, étant justifiés gratuitement par sa grâce ». C'est par cette grâce qu'est écrite dans l'homme intérieur renouvelé cette justice que le péché avait détruite ; elle reparaît donc en vertu de cette miséricorde infinie que Dieu a versée sur le genre humain, par Jésus-Christ Notre-Seigneur. « Car nous n'avons qu'un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ Dieu et homme3 ».
