Übersetzung
ausblenden
Les confessions de Saint Augustin
CHAPITRE VIII. DE LA MÉMOIRE.
12. Je franchirai donc ces puissances de mon être, pour monter par degrés jusqu’à Celui qui m’a fait. Et j’entre dans les domaines, dans les vastes palais de ma mémoire, où sont renfermés les trésors de ces innombrables images entrées par la porte des sens. Là, demeurent toutes nos pensées, qui augmentent, diminuent ou changent ces épargnes thésaurisées par nos sens; et enfin tout dépôt, toute réserve, que le gouffre de l’oubli n’a pas encore enseveli.
Quand je suis là, je me fais représenter ce que je veux. Certains objets paraissent sur-le-champ, d’autres se font chercher davantage; il faut les tirer comme d’un recoin obscur; d’autres s’élancent en essaim, et tandis que l’on demande l’un d’eux, accourant tous à la fois, ils semblent dire : N’est-ce pas nous ? Et la main de mon esprit les éloigne de la face de mon souvenir, jusqu’à ce que l’objet désiré sorte de ses ténèbres et de sa retraite. D’autres enfin se suggérant sans peine au rang où je les appelle, les premiers cèdent la place aux suivants, pour rentrer à leur poste et reparaître à ma volonté. Ce qui arrive exactement lorsque je fais un récit de mémoire.
13. Là se conservent, distinctes et sans mélange, les espèces introduites chacune par une entrée particulière: la lumière, les couleurs, les figures corporelles, par les yeux; tous les sons, par l’oreille; toutes les odeurs, par le passage des narines; toutes les saveurs, par la voie du palais; et par le sens universel tout (455) objet dur ou mol, chaud ou froid, doux ou rude, grave ou léger, qui affecte le corps, soit au dehors, soit au-dedans. La mémoire les reçoit toutes à son vaste foyer, où, au besoin, je les compte et lès passe en revue. Ineffables replis, dédale profond,.où tout entre par le seuil qui l’attend et se range avec ordre! Et ce n’est pas toutefois la réalité, mais l’image de la réalité sentie, qui entre pour revenir au rappel de la pensée.
Qui pourrait .dire comment se forment ces images? et l’on sait tôutefois par quel sens elles sont recueillies et mises en réserve. Car, alors que je demeure dans les ténèbres et le silence, ma mémoire me représente à volonté les couleurs, distingue le blanc du noir, et les sons ne font pas incursion sur les réminiscences de mes yeux, et, quoique présents, ils semblent se retirer et se tenir à part: je les demande, si je veux, et ils viennent aussitôt. Parfois encore, la langue immobile et le gosier silencieux, je chante comme il me plaît, sans que l’image des couleurs qui cohabite, me trouble ni m’interrompe quand je revois le trésor que l’oreille m’a versé. Ainsi, je visite au caprice du souvenir, ces magasins approvisionnés par les sens; et je distingue, sans rien odorer, la senteur des lis de celle des violettes; et je préfère le miel au vin chaud, le poli à l’aspérité, par réminiscence du palais et de la main. Et tout cela se passe en moi, dans l’immense galerie de ma mémoire.
14. J’y fais comparaître le ciel, la terre, la mer, avec toutes les impressions que j’en ai reçues, hors celles que j’ai oubliées. Là, je me rencontre moi-même, je me reprends au temps, au lieu, aux circonstances d’une action et au sentiment dont j’étais affecté dans cette action. Là résident les souvenirs de toutes les révélations de l’expérience personnelle ou du témoignage; de cette trame du passé j’ourdis le tissu des expériences et les témoignages accueillis sur la foi de mon expérience, des événements et des espérances futures, et je forme de tout cela comme un présent que je médite; et dans ces vastes plis de mon intelligence, peuplés de tant d’images, je me dis à moi-même : Je ferai ceci ou cela, et il s’ensuivra ceci ou cela. Oh! si telle ou telle chose pouvait arriver! Plaise à Dieu! à Dieu ne plaise! Et je me parle ainsi, et les images des objets qui m’intéressent sortent du pécule de ma mémoire; car en leur absence il me serait impossible d’en parler.
15. Que cette puissance de la mémoire est grande! Grande, ô mon Dieu! sanctuaire lin-pénétrable, infini! Eh! qui pourrait aller au fond? Et c’est une puissance de mon esprit, une propriété de ma nature, et moi-même je ne comprends pas tout ce que je suis. L’esprit est donc trop étroit pour se contenir lui-même? Et où donc déborde ce qu’il ne peut contenir de lui? Serait-ce hors de lui? ou plutôt, n’est-ce pas en lui? Et d’où vient ce défaut de contenance?
Ici je me sens confondu d’admiration et d’épouvante. Et les hommes vont admirer les cimes des monts, les vagues de la mer, le vaste cours des fleuves, le circuit de l’Océan, et le mouvement des astres; et ils se laissent là, et ils n’admirent pas, chose admirable! qu’au moment où je parle de tout cela, je n’en vois rien par les yeux; incapable d’en parler pourtant, si tout cela, montagnes, vagues, fleuves, astres que j’ai vus, Océan, auquel je crois, n’offrait intérieurement à ma mémoire les mêmes immensités où s’élanceraient mes regards. Et toutefois lorsque ma vue s’est portée sur ces spectacles, elle ne les a pas engloutis; et les réalités ne sont pas en moi, mais seulement les images, et je sais par quel sens chaque impression est entrée.
Übersetzung
ausblenden
Bekenntnisse
8. Von der Kraft und Macht des Gedächtnisses.
Hinausgehen will ich also auch über diese Kraft meiner Natur und stufenweise hinaufsteigen zu dem, der mich geschaffen hat. Und ich gelange in die Gefilde und weiten Paläste des Gedächtnisses, wo die Schätze unzählbarer Bilder, welche die Sinne von allen möglichen Dingen aufgenommen haben, sich finden. Dort ist auch alles hinterlegt, was wir denken, mögen wir nun das, was die Sinne erfaßten, erweitern oder verringern oder irgendwie verändern, ebenso das, was sonst S. 224 noch dort aufbewahrt oder hinterlegt ist, sofern es noch nicht vom Vergessen verschlungen und begraben ist. Wenn ich dort bin, so muß mir auf meinen Befehl vorgeführt werden, was ich will; einige Bilder kommen sogleich hervor, andere müssen länger aufgesucht und gewissermaßen aus verborgenen Kammern hervorgezogen werden, einige drängen sich haufenweise hervor und treten, während man vielleicht nach etwas anderem sucht und verlangt, zutage, als wollten sie sagen: „Sind wir es vielleicht?“ Diese verscheuche ich mit der Hand meines Geistes aus den Augen meiner Erinnerung, bis, was ich suche, aus dem Nebel hervortritt und aus der Verborgenheit ans Licht kommt. Wieder andere bieten sich mir ohne Mühe und in geordneter Reihenfolge dar, die früheren machen den späteren Platz, und indem sie Platz machen, werden sie etwas zurückgestellt, um, wenn ich es wünsche, von neuem hervorzutreten. Dies alles geschieht, wenn ich etwas auswendig erzähle.
In jenen Räumen des Gedächtnisses ist alles genau voneinander gesondert, klassenweise geordnet und aufbewahrt je nach dem Eingange, durch den die einzelnen Empfindungen hineingekommen sind, sowie das Licht und alle Farben und Körperformen durch die Augen, durch die Ohren aber alle Arten von Tönen, alle Gerüche durch die Nase, alle Geschmacksempfindungen durch den Mund aufgenommen werden, durch das Gefühl aber, das dem ganzen Körper eigen ist, was hart oder weich, was heiß oder kalt, was glatt oder rauh, was schwer oder leicht ist, mag es sich außerhalb oder innerhalb des Körpers befinden. All dieses nimmt die weite Halle des Gedächtnisses mit ihren ich weiß nicht was für geheimen und unbeschreiblichen Verzweigungen auf, um es bei gegebener Zeit wieder hervorzuholen und wieder vorzunehmen: alles tritt durch seine besondere Pforte in jene Räume ein und findet darin seinen Platz. Doch kommen die Dinge nicht selbst hinein, sondern nur die Bilder der wahrgenommenen Dinge, die dort unserm Denken zur Verfügung stehen, wenn wir uns ihrer erinnern. Wer aber kann sagen, wie diese Bilder entstanden sind, obwohl wir wissen, durch welche Sinne sie aufgenommen und im Innern geborgen worden sind? S. 225 Denn wenn auch Dunkelheit und Stille rings um mich herrscht, kann ich mir in meinem Gedächtnisse nach Belieben Farben vorstellen und zwischen weiß und schwarz und anderen Farben, wie es mir gefällt, unterscheiden. Und bei der Betrachtung der durch die Augen wahrgenommenen Bilder drängen sich nicht etwa störend Töne dazwischen, obwohl auch sie irgendwo dort im Gedächtnisse sind und abseits von den anderen aufbewahrt werden. Auch sie rufe ich hervor, wenn es mir gefällt, und sofort sind sie zur Stelle. Und wenn auch die Zunge ruht und die Kehle schweigt, so kann ich doch singen, soviel ich will, ohne daß jene Farbenvorstellungen, die ebensowohl dort sind, sich dazwischendrängen und mich unterbrechen, wenn der andere Schatz von Sinneseindrücken, die durch die Ohren vermittelt werden, zur Hand genommen wird, Ebenso erinnere ich mich auch nach Belieben der Eindrücke, die die andern Sinne vermitteln und nach Hause bringen; so unterscheide ich den Duft der Lilien von dem der Veilchen, ohne daß ich wirklich etwas rieche; Honig ziehe ich dem Met vor, Glattes dem Rauhen, ohne daß ich dabei etwas schmecke oder berühre, sondern nur in der Erinnerung.
Im Innern, in den weiten Räumen meines Gedächtnisses tue ich das. Da sind mir Himmel und Erde und Meer zur Hand samt allem, was ich jemals wahrnehmen konnte, mit einziger Ausnahme dessen, was ich vergessen habe. Dort begegne ich auch mir selbst und erinnere mich, was, wann und wo ich etwas und in welcher Stimmung ich es getan habe. Dort befindet sich also, wessen ich mich erinnere, habe ich es nun selbst erfahren oder auf das Wort anderer angenommen. Aus derselben Fülle entnehme ich auch bald diese, bald jene Bilder von Dingen, die ich entweder selbst wahrgenommen oder auf Grund meiner Erfahrungen anderen geglaubt habe; ich verknüpfe sie mit dem Vergangenen und schließe von ihnen aus auf Handlungen, Begebenheiten und Hoffnungen die noch der Zukunft angehören, gerade so, als ob das alles gegenwärtig sei. „Ich will dies oder jenes tun“, spreche ich bei mir in dem ungeheuren Raume meines Geistes, der angefüllt ist mit den Bildern so vieler und großer Dinge -, und dies oder S. 226 jenes wird die Folge sein. „O wenn doch dieses oder jenes wäre!“ „Möge Gott dieses oder jenes verhüten!“ Ich sage das bei mir, und während ich es sage, sind mir die Bilder aller Gegenstände die ich meine, aus dem ewig gleichen Schatze meines Gedächtnisses zur Stelle; und kein einziges von ihnen könnte ich nennen, wenn es dort nicht vorhanden wäre.
Groß, o mein Gott, ist die Macht des Gedächtnisses, überaus groß; ein weites, unermeßliches, inneres Heiligtum. Wer hat es je gegründet? Und das ist eine Kraft meines Geistes und gehört zu meiner Natur; aber dennoch fasse ich nicht ganz das, was ich bin. Also ist der Geist zu enge, um sich selbst zu fassen? Wo mag das sein, was er von sich nicht faßt? Etwa außer ihm und nicht in ihm selbst? Warum also faßt er es dann nicht? Gewaltige Verwunderung erfaßt mich, und Staunen ergreift mich deshalb. Und die Menschen gehen und bewundern die Höhen der Gebirge, die gewaltigen Wogen des Meeres, den breiten Fluß der Ströme, den Umfang des Ozeans und den Umlauf der Gestirne, auf sich selbst aber achten sie nicht, sie wundern sich nicht, daß ich dies alles, während ich davon sprach, nicht mit Augen sah, und doch würde ich nicht davon sprechen, wenn ich nicht Berge und Fluten und Ströme und Gestirne, die ich gesehen, und den Ozean, von dessen Vorhandensein ich nur gehört habe, innen in meinem Gedächtnisse in eben so gewaltiger Ausdehnung wie draußen in der Wirklichkeit erblickte. Und doch habe ich diese Gegenstände nicht etwa, als ich sie mit Augen sah, in mich aufgenommen; auch sind sie gar nicht selbst bei mir, sondern nur ihre Bilder, und ich weiß nur, welcher Sinn meines Körpers mir ihre äußere Form vermittelt hat.