11.
Courage donc, et objectez-moi le péché originel ; ne tenez aucun compte de tous ces docteurs, et feignez de ne pas savoir ce qu'ils disent. C'est en vain qu'ils ont illustré la sainte Eglise par leur vie sainte ; c'est en vain qu'ils ont combattu et terrassé toutes les erreurs de leur temps; c'est en vain qu'ils sont sortis de ce monde avec la double couronne de la science et de la sainteté, à une époque qui avait le bonheur de ne connaître ni vos erreurs ni les bouillonnements de votre orgueil; qu'ils soient pour vous comme s'ils n'avaient pas été ; dirigez sur moi tous vos coups, faites semblant d'ignorer que ce soient eux que vous déchirez sous mon nom, et prodiguez-moi vos injures en toute sécurité. Puis-je croire que vous ignorez le mal que vous faites? en vous voyant poursuivre avec autant d'hostilité ces lumières de la cité de Dieu, dont vous devriez vous faire le disciple fidèle? puis-je croire qu'il y a de votre part, non pas impudence, mais seulement de l'imprudence? Je le croirais, en effet, je resterais persuadé que c'est sans le savoir que vous commettez un semblable crime, si, dans ce livre auquel vous vous flattez d'avoir répondu, ou auquel vous voulez qu'il soit dit que vous avez répondu, je n'avais pas cité de saint Ambroise un manifeste et éloquent témoignage1. Ne l'avez-vous pas entendu, parlant de la naissance de Jésus-Christ et 1e proclamant fils d'un vierge, s'écrier : «Voilà pourquoi il a subi toutes les épreuves humaines, pourquoi il s'est soumis comme tous les hommes à toutes les douleurs; mais parce qu'il était né du Saint-Esprit, jamais il ne connut le péché? Car tout homme est menteur2, et personne n'est sans péché, si ce n'est Dieu lui-même. La loi qui établit que tout enfant né de l'homme et de la femme, «c'est-à-dire de l'union des corps, ne saurait être sans péché, n'avait donc pas d'application possible au Sauveur. Car dire de quelqu'un qu'il est exempt de péché, c'est dire qu'il n'a point connu ce mode de conception3 ». Si vous n'avez pas lu dans mon livre ces paroles de saint Ambroise, comment donc avez-vous pu entreprendre la réfutation de ce livre dans lequel elles sont textuellement consignées? Et si vous les avez lues, pourquoi tant de fureur contre moi; pourquoi surtout invoquer son nom contre moi ? Comment osez-vous lacérer mon nom, et taire celui d'Ambroise pour vous donner le triste plaisir d'en faire un Manichéen?
