28.
Vous ne douterez plus, je pense, que saint Jean de Constantinople soit d'autant moins attaché à votre erreur qu'il est plus éloquemment l'interprète de la doctrine catholique. Dans cette discussion qui l'amène à commenter soit ce passage, où l'Apôtre établit la question qui nous occupe sur son fondement nécessaire : «Le péché est entré dans le monde par un seul homme », soit d'autres principes qui en sont la conséquence immédiate, trouvez-vous une seule de ses paroles de laquelle vous puissiez conclure, de près ou de loin, que ce péché est entré dans le monde par l'imitation, et non point par la naissance charnelle ? N'affirme-t-il pas que tout est souillé par ce péché d'origine? Et ce péché, comment pouvait-il mieux le distinguer de tous les autres péchés qui ont été commis plus tard par une coupable imitation du péché d'origine? Enfin, soit le péché d'origine, soit les péchés ultérieurs, n'enseigne-t-il pas clairement qu'ils sont tous effacés par la grâce de Jésus-Christ ? Citant ces autres paroles de l'Apôtre : «Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés dans sa mort », ne les invoque-t-il pas pour prouver que tout homme qui est baptisé est réellement mort au péché, comme Jésus-Christ est mort par la chair? Car être baptisé dans la mort de Jésus-Christ n'est rien autre chose.que mourir au péché. Or, à quel péché l'enfant peut-il mourir, s'il n'a pas contracté le péché originel? Ou bien, dira-t-on que les enfants ne sont pas baptisés dans la mort de Jésus-Christ? Pourtant l'Apôtre a dit, sans aucune restriction possible : « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés dans sa mort ». Ou bien encore, direz-vous que ces enfants, quand ils sont baptisés du baptême chrétien, ne sont pas baptisés en Jésus-Christ? Ce subterfuge me prouverait mieux encore que le saint évêque de Constantinople vous écrase, quand il affirme que le baptême est pour les fidèles ce que la croix et le sépulcre ont été pour Jésus-Christ, c'est-à-dire que les fidèles meurent au péché comme Jésus-Christ est mort dans la chair. Et c'est à un tel homme, c'est à un défenseur aussi déclaré de la foi chrétienne et du dogme catholique que vous avez voulu prêter votre erreur en lui faisant dire : «Les enfants ne sont pas souillés du péché du premier homme»; quand il s'est contenté de dire : «Les enfants n'ont pas de péchés », c'est-à-dire de péchés personnels, comme le prouvent les passages les plus explicites empruntés à ses oeuvres.
