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Quant à la question qui nous occupe en ce moment, écoutez dans quels termes explicites ce même saint Basile formule sa pensée sur le péché du premier homme, devenant pour nous le péché originel. Je pourrais vous citer la traduction, mais afin de préciser davantage, je préfère recourir au texte grec et vous le traduire moi-même mot à plot. Dans son sermon sur le jeûne, saint Basile s'exprime en ces termes : «Le jeûne a été établi par une loi dans le paradis terrestre. En effet, voici le premier commandement imposé à Adam : Vous ne mangerez pas du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal1. Vous ne mangerez pas; n'est-ce point là le jeûne, et ce jeûne n'est-il pas la première constitution légale? Si la première femme s'était privée du fruit défendu, nous n'aurions pas besoin de ce jeûne actuel. Car ceux qui ont besoin de médecin, ce sont les malades, et non pas ceux qui se portent bien2. Le péché nous a rendus malades, guérissons-nous par la pénitence. Or, la pénitence sans le jeûne est une pénitence inutile. La terre maudite produira des ronces et des épines3. Vous êtes appelé à la douleur, et non pas aux délices ». Un peu plus loin il continue : «Parce que nous n'avons pas jeûné, nous avons été chassés du paradis. Jeûnons donc afin que nous puissions y rentrer4 ». Si vous aviez lu ces paroles et autres semblables de saint Basile, ou si après les. avoir lues vous les aviez sérieusement méditées, jamais vous n'auriez cité dans vos livres, et je ne sais dans quel esprit, des passages empruntés à saint Basile, qui n'ont aucun rapport avec la question qui nous occupe, et qui ne sont propres qu'à obscurcir les questions les plus claires dans l'esprit des ignorants. Ne vient-il pas de vous être dit que nous n'aurions pas besoin du jeûne actuel, si l'homme n'avait pas transgressé la loi du jeûne dans le jardin de délices? et vous osez encore nier la transmission originelle du péché du premier homme à toute sa postérité ! Le saint docteur ajoutait : «Ceux qui se portent bien n'ont pas besoin de médecin », et vous soutenez que le péché de nos premiers parents ne nous a pas fait perdre la santé dans laquelle nous avions été créés ! Vous entendez qu'on nous applique la sentence formulée contre le premier homme pécheur : «La terre produira pour vous des ronces et des épines », et vous soutenez que nous sommes innocents du péché, quand vous voyez que nous portons le poids de la condamnation du péché ! On vous dit que nous devons rentrer dans le paradis d'où nous sommes sortis, et vous affirmez que nous sommes absolument étrangers au péché de ceux qui étaient seuls dans le paradis terrestre, et dans lesquels nous étions moralement !
