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Ce n'est point seulement à l'occasion de cette parabole évangélique du bon arbre, que vous favorisez le manichéisme, mais encore dans plusieurs autres endroits de votre discussion. En effet, n'est-ce point vous qui avez dit : « Le péché ne peut être transmis par la nature, parce que l'oeuvre de Dieu ne saurait servir de canal à l'œuvre du démon? » Et moi, je vous demande comment l’oeuvre de Dieu peut servir de domicile à l'œuvre du démon, si elle ne peut même lui servir de canal? N'est-ce pas une chose plus grave de séjourne dans un endroit que de le traverser? Vous me demanderez peut-être comment l'œuvre du démon peut demeurer dans l'oeuvre de Dieu? N'allez pas chercher si loin, ne considérez que le démon lui-même. N'est-il pas l’oeuvre de Dieu , n'est-il pas une nature angélique? Or, l'envie est l'œuvre propre du démon ; cette oeuvre procède de lui et demeure en lui. Dès lors, quelle folie de dire que « l'oeuvre du démon ne peut passer par l'œuvre de Dieu », quand il est vrai de dire qu'elle y demeure? Et puis, ne voyez-vous pas quelles actions de grâces vous prodigue le manichéisme ? Réveillez-vous et considérez. Le Manichéen se fatigue à prouver que le mal ne peut sortir d'aucune oeuvre de Dieu, afin de pouvoir en tirer cette conclusion, que le mal n'a d'autre origine que le mal lui-même. Vous venez admirablement à son secours, quand vous dites : « Le mal, ne peut passer par l'oeuvre de Dieu » ; car il peut ajouter : Le mal peut-il naître d'une oeuvre à travers laquelle il ne saurait même passer?
