27.
Lisez également le commentaire qu'il nous donne de ces paroles de l'Apôtre : «Le péché est entré dans le monde par un seul homme ». C'est l'exposé aussi clair que possible de la vérité catholique. Comme il serait trop long de vous citer ce passage tout entier, il me suffira de quelques extraits. « Il est certain », dit-il, « que le péché qui a tant souillé, ce n'est point le péché qui résulte de la transgression de la loi, mais celui-là même qu'Adam a commis par sa désobéissance. La mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n'ont pas péché. Comment donc la mort a-t-elle régné », demande le saint évêque? «Dans la ressemblance de la transgression d'Adam, qui est la forme de l'Adam futur. Voilà pourquoi nous disons qu'Adam est la forme de Jésus-Christ. Mais, dira-t-on, comment donc est-il la forme? Je réponds : De même que, en mangeant le fruit défendu, il est devenu une cause de mort pour tous les enfants qui naissent de lui, quoique en réalité ils n'aient pas mangé eux-mêmes le fruit défendu ; de même, pour ceux qui sont de lui, quoiqu'ils n'aient accompli aucune justice, Jésus-Christ s'est fait l'auteur de la justice qu'il nous a conférée à tous par la croix ». Le saint docteur continue : « Quand le juif vous demandera comment le monde a été sauvé par la vertu de Jésus-Christ seul, vous pourrez lui répondre : De la même manière que le monde a été condamné par la seule désobéissance d'Adam. Non pas sans doute que je prétende établir une égalité parfaite entre la grâce et le péché, entre la mort et la vie, entre Dieu et le démon. Mais il n'en est pas de la grâce comme du péché. Car si par le péché d'un seul plusieurs.sont morts, la miséricorde et le don de Dieu se sont répandus beaucoup. «plus abondamment sur plusieurs, par la grâce d'un seul homme, qui est Jésus-Christ. Voici la pensée de l'Apôtre: Si le péché, et le péché d'un seul homme, a eu un si grand pouvoir, combien plus grand sera le pouvoir de la grâce, de la grâce de Dieu, non-seulement de la grâce du Père, mais aussi de la grâce du Fils. Et en effet, cette prééminence de la grâce sur le péché parait beaucoup plus rationnelle. Car la raison n'approuve que difficilement que l'un soit condamné pour l'autre ; mais que l'un soit sauvé en considération d'un autre, la convenance et la raison ne sauraient qu'y applaudir. Si donc le mode de condamnation a été employé, à plus forte raison le mode de salut le sera-t-il. Nous avons été condamnés par le jugement de Dieu pour le péché d'un seul homme, tandis que nous sommes justifiés par la grâce après plusieurs péchés1. C'est toujours la même pensée sous une autre forme », continue le saint évêque; «c'est-à-dire que, si le péché a pu nous attirer la mort et la condamnation, la grâce peut détruire, non-seulement ce seul péché, mais encore tous les autres péchés qui l'ont suivi. Voilà pourquoi, voulant nous montrer que la grâce nous a procuré des biens infinis, et a détruit, non-seulement le péché originel, mais encore les autres péchés subséquents, l'Apôtre ajoute : Nous sommes justifiés par la grâce après plusieurs péchés. L'Apôtre avait dit que, si le péché a tué tous les hommes, à plus forte raison la grâce pouvait-elle les sauver tous. Puis il nous montre aussitôt que la grâce a tué, non-seulement le premier péché, mais encore tous les autres péchés qui l'ont suivi, et que non-seulement ces péchés ont été tués, mais que la justice nous a été conférée. Non-seulement Jésus-Christ nous a rendu ce qu'Adam nous avait fait perdre, «mais il nous a donné bien davantage encore ». Enfin, parlant du baptême, le saint évêque cite d'abord ces paroles de l'Apôtre : « Ignorez-vous, mes frères, que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés dans sa mort? Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour mourir au péché. Que veulent donc dire ces mots : Nous avons été baptisés dans sa mort ? Ils signifient que nous devons mourir comme lui ; car la croix est un baptême. Ce que la croix et le tombeau ont été pour Jésus-Christ, le baptême l'est pour nous, quoique sous d'autres rapports. En effet, c'est dans sa chair que Jésus-Christ est mort et a été enseveli, tandis que c'est au a péché que nous devons mourir et être ensevelis. Voilà pourquoi l'Apôtre ne dit pas : Nous avons été entés en lui dans sa mort ; mais : Par la ressemblance de sa mort2. Ainsi donc, des deux côtés nous trouvons la mort; mais pour Jésus-Christ, c'est la mort de la chair ; et pour nous, c'est la mort au péché. Ce que nous devons demander, c'est a que la nôtre soit aussi réelle que la sienne3 ».
