29.
A quoi vous a-t-il donc servi d'invoquer en votre faveur le témoignage de saint Jean de Constantinople? Ne voyiez-vous pas que, pour un seul mot dont le sens ne pouvait vous être favorable qu'en le dénaturant au prix de toutes les ruses possibles, vous alliez soulever contre vous une multitude de passages du même auteur, sous le poids desquels vous succomberiez infailliblement? Quelle n'a pas été votre imprudence et votre témérité ! Dans telle homélie, vous trouvez un mot dont le sens vous trompe, parce que vous l'interprétez au point de vue de votre erreur, et vous ne trouvez pas ces passages dans lesquels saint Jean de Constantinople prouve jusqu'à la dernière évidence que tous les hommes, avant de commettre aucune faute personnelle, sont déjà condamnés par le péché de leur premier père ! Après avoir cité les paroles qui vous paraissaient si concluantes en votre faveur, vous ajoutez : «Telle est la saine et véritable doctrine, fondée tout à la fois sur la raison, sur l'autorité des saintes Ecritures et sur l'enseignement des docteurs, quoique le témoignage de ces docteurs n'ajoute rien à l'autorité de la vérité, et qu'ils tirent eux-mêmes toute leur gloire de leur union avec la vérité. Devant un tel accord d'autorités, que toute conspiration de la part des dissidents disparaisse à jamais ». Un tel langage de votre part ne prouve qu'une chose, c'est l'ignorance incroyable que vous affectez pour la doctrine et l'enseignement des docteurs catholiques; ou bien, si vous connaissez cette doctrine et cet enseignement, je ne sais plus que penser de la ruse inqualifiable avec laquelle vous essayez de tromper les ignorants. Quant à l'argument fondé sur la raison et les saintes Ecritures, je n'ai pas à m'en occuper en ce moment; mais comment donc osez-vous soutenir que les saints docteurs sont unanimes pour enseigner avec vous que les -enfants naissent parfaitement étrangers à toute transmission du péché du premier homme? Est-ce donc là ce qu'enseignent tous ces évêques dont je vous ai rappelé certains passages? Ces passages, dans leur écrasante simplicité, ne vous prouvent-ils pas que vous êtes absolument dans l'erreur? Vous l'avez compris, autrement vous manquez de franchise, et votre bonne foi prétendue n'a jamais été qu'un leurre. Mais enfin, je préfère avoir de vous une meilleure idée. Si donc ne vous est venue qu'aujourd'hui la certitude que notre doctrine sur la transmission du péché originel à tous les enfants, et sur la nécessité de la régénération spirituelle, a été de tout temps et partout la doctrine de tous les Pères et de tous les docteurs; aujourd'hui, du moins, changez vos convictions, oubliez votre erreur, pour ne pas dire la fureur avec laquelle vous taxez de manichéisme tous ces saints et vénérables personnages. Si jusque-là vous avez agi dans l'ignorance, pourquoi ne repoussez-vous pas cette misérable impéritie? Et si vous avez agi en toute connaissance de cause, pourquoi ne pas déposer votre audace sacrilège?
