7.
Et pendant ce combat, comme il n’est pas sans danger, dis alors ce qui suit dans cette lutte périlleuse: « Vous êtes ma miséricorde1 » Je ne serai pas vaincu dès lors. Que veut dire « ma miséricorde? » Que vous me faites miséricorde, que vous l’exercez envers moi, ou bien que vous m’accordez d’user de miséricorde? Car il n’y a rien pour vaincre plus complètement notre ennemi que la miséricorde que nous avons pour tous. Il se prépare à nous calomnier au jugement de Dieu, mais il ne peut rien objecter de faux, il n’est point devant celui qui écoute la fausseté. S’il plaidait contre nous au tribunal d’un homme, il pourrait alléguer le mensonge, nous accabler de fausses récriminations; mais comme notre procès se plaide au tribunal de ce juge que l’on ne saurait tromper, notre ennemi cherche à nous séduire par le péché, pour avoir de véritables crimes à nous reprocher. Et quand la fragilité humaine vient à succomber sous ses artifices, qu’elle s’humilie par un aveu, et s’exerce par des oeuvres de miséricorde et de piété. Tout s’efface quand, avec sincérité et une pleine confiance, nous disons à celui qui nous voit: « Remettez-nous, comme as nous remettons à notre tour2 ». Dis alors de tout ton coeur, dis en toute confiance et en toute sécurité: « Remettez-nous, comme nous remettons nous-mêmes »; ou ne nous pardonnez point, si nous ne savons pardonner. Quand même tu ne dirais pas: Ne nous remettez point si nous ne remettons point nous-mêmes, le Seigneur ne nous pardonne qu’à la condition que nous pardonnions aussi. Pour te laisser impuni dans tes crimes, il ne sera point menteur dans ses promesses. Veux-tu ton pardon, dit-il ? Pardonne toi-même. il est une autre oeuvre de miséricorde, Veux-tu obtenir? donne toi-même. C’est ce qui est marqué au même endroit de l’Evangile: « Remettez et il vous sera remis, donnez et l’on vous donnera3 ». J’ai sur toi une créance, et loi une créance sur un autre; remets-lui sa dette, et je te remets la tienne. Tu me demandes, celui-là te demande aussi. Donne-lui, et je te donnerai. Or, qui est-ce qui remet? Qui est-ce qui donne? N’est-ce pas la charité? « Et d’où vient la charité, sinon par cet Esprit-Saint qui nous a été donné4?» Si donc c’est par les oeuvres de miséricorde que notre ennemi peut être vaincu, si nous ne pouvons faire des oeuvres de miséricorde sans avoir la charité, et si nous n’avons la charité que par le Saint-Esprit: c’est lui qui dresse nos mains au combat et nos doigts à la guerre: c’est à lui que nous disons avec justice: «ma miséricorde », puisque c’est par lui que nous devenons miséricordieux. « Quiconque n’aura point fait miséricorde sera jugé as sans miséricorde5».
